Diabète et méchant

Tout espérer, ne rien attendre.

Quand être diabétique était vu comme héroïque!

Flupke 1

Dimanche dernier, mon fils, 7 ans, vient me dire « Maman tu es la plus forte! » et il me montre, tout sourire, une bande dessinée. Dans ses yeux, brillait de la fierté pour sa maman diabétique. J’avoue avoir été un peu désarçonnée.

Fin des années 30, Hergé créait les personnages de Quick et Flupke. A l’époque, l’image du « diabétique » semblait en imposer. Peut-être n’étaient-ils pas encore très nombreux à avoir survécu grâce à l’insuline? Le diabétique était-il alors vu comme quelqu’un d’héroïque?

Cette représentation a évolué pour aujourd’hui passer du héros à un personnage quasiment contraire (la figure actuelle du diabétique ressemble plutôt à celle d’une personne fainéante, en surpoids, âgée, avec un gros gâteau dans son assiette). Quant à imaginer un gamin se vanter d’avoir un « oncle diabétique », c’est carrément impensable.

Moi-même, quand je parle de ma maladie, je m’empresse de dire que je suis de type 1, sous-entendu: « je n’ai rien avoir avec l’image que vous avez probablement d’un diabétique de type 2 ». Je passe alors, dans le regard de l’autre, d’une « coupable paresseuse gourmande » à celui de « pauvre victime innocente » et je perpétue ainsi les clichés sur la maladie.

Si mon interlocuteur est réceptif, je vais tenter d’expliquer les différences en essayant de ne pas tomber dans l’image du diabétique de type 1 qui, me semble-t-il risque actuellement de s’imposer : celle de la personne qui se surpasse dans des « pseudo exploits sportifs ou autres » pour prouver que la maladie ne l’empêche pas de faire ce qu’il souhaite .

Avoir des « héros diabétiques » qui nous animent: oui, des repères qui nous inspirent: pourquoi pas, mais surtout ne pas donner cette idée qu’aujourd’hui, on peut dépasser toutes les difficultés de la maladie si on s’en donne les moyens.

Faire changer le regard sur le diabète et ses stéréotypes est un projet bien complexe auquel nous, diabétiques, pouvons contribuer en témoignant de nos expériences personnelles sans minorer nos combats quotidiens.

Comment aimerais-je que les copains de mon fils réagissent si celui-ci leur disait « et bien moi ma mère, elle est diabétique »? Probablement, il n’y aurait aucune réaction et ce serait tant mieux. Mais au fond de moi peut-être un petit « ah ouais quand même, elle est balaise ta mère! » me ferait dire que les représentations peuvent évoluer.

*Extrait de la bande-dessinée « Quick & Flupke – Chacun son tour, Hergé, éditions Casterman

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  1. Bonjour j’ai lu avec beaucoup de plaisir cette illustration réaliste de notre quotidien. Pour ma part j’essaye aussi de montrer que tout est possible et alors ce qui est répondu c’est grâce à la pompe .. oui certes et le travail en arrière fond perpétuel pour maximiser les bons moments. Je vais découvrir votre blog et si vous êtes intéressé je vous montre le mien: https://www.diabetedroledebete.be
    Bien à vous. Nous sommes forts.
    Pascal

    • Bertrand Burgalat

      Bonjour Pascal, merci beaucoup pour votre message et votre excellent site, que je ne connaissais pas et que je ne manquerai pas de recommander. Les problèmes liés au DT1 ne s’arrêtent pas à la frontière Belge, n’hésitez pas à nous envoyer des textes et à nous rejoindre!

  2. Magali

    je partage totalement! Pas héros, pas responsable non plus on a une faiblesse, une maladie et on peut vivre avec d’autant plus longtemps qu’on fait attention à respecter notre corps. Lors de mes deux grossesses j’ai été traité en « coupable » par la maternité qui ne comprenait pas qu’après 30 ans de diabète je n’arrive pas à avoir des courbes « lisses » . Cette image du diabétique qui ne fait pas d’efforts je l’ai ressentie et mes enfants l’on vécu dans leur petite enfance: impossible de quitter rapidement la maternité! En plus comme « grossesse à risque » on m’a obligée à me rendre dans une maternité plus éloignée : ben oui, t’es diabétique donc t’as qu’à prendre tes responsabilités !

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2016 - Diabète et Méchant