Le diabétique en questions

La communication par questionnaire est très tendance dans l’approche de la bête : associations, laboratoires, fédérations, chacun a le sien. Il était temps que Diabète et Méchant se mette à la page.

Quel rapport entretenez-vous avec votre diabète?
G : Une Affection Langoureuse et Durable
P : Un dédain certain lorsqu’il me nargue
L : Un domptage de tous les instants : qu’il se tasse ce type primaire et bête.
 
Comment définiriez-vous votre DIDier à vous :
G : Un signe venu d’une haute autorité sanitaire et morale, une punition pour une chose que j’ai mal gérée, un message : « le diabète n’est pas une fatalité ».
P : Un handicap bien pratique pour en faire le moins possible, dommage parfois qu’il soit si invisible.
L : Une ouverture culturelle qui n’est pas offerte à tout le monde, de singuliers centres d’intérêts : le monde extraordinaire plein de suspens de l’HbA1c, la genèse de l’acidocétose, la passion de l’observance, en passant par la polyurie qui n’est pas la polydipsie, sans omettre la découverte d’ingrédients pimentés tels que l’albumine ou le glycogène, et encore moins Paul Langerhans ni les frères Pedersen.

Votre méthode personnelle pour éviter les hyperglycémies :
G : Immédiatement après chaque repas je m’en vais marcher 37 minutes. Mon guide des glucides, ma balance de poche et ma calculette sont toujours sur moi.
P : Je ne suis pas concerné : je ne mange plus que des haricots verts, du chou rouge et du tofu.
L : Je ne contrôle plus mes glycémies postprandiales. De toutes façons l’hyperglycémie c’est extra contre les kilos!

Votre méthode personnelle pour éviter les hypoglycémies :
G : J’ai arrêté le sport. Je m’active le moins possible et je grignote un peu toute la journée.
P : Je sous-estime la quantité de glucides de mes repas dans le calcul de ma dose d’insuline.
L : Les hypos font baisser la moyenne, je prends!

Vos rendez-vous médicaux :
G : Lors des hospitalisations je prends discrètement des collations avant les contrôles glycémiques, pour bien montrer que c’est eux qui se fourvoient dans le dosage.
P : Désormais j’annonce à la diététicienne le double des glucides et lipides ingérés puisqu’à chaque fois elle me demande de les réduire de moitié… .
L : Je bosse bien les 15 jours précédents les rendez-vous pour avoir un carnet nickel.

Ressentez-vous le besoin d’un soutien psychologique?
G : Non, je n’ai pas besoin d’un psy, je déverse tout sur mon conjoint. Je suis diabétique, pas taré.
P : Mon psy m’est indispensable! Et c’est réciproque, je suis un bon dossier : comment, en plein cœur de l’adolescence, avoir dû renoncer à l’harmonie inconsciente de la vie.
L : Mon équilibre glycémique et mon équilibre thymique sont intimement liés : je consulte.

Partez-vous régulièrement en vacances :
G : Oui mais exclusivement dans les pays froids pour ne pas esquinter mon insuline .
P : Ah, et comment! Ce sont aussi les vacances du diabète : frites, glaces et mojito à gogo ! J’enlève cathéters et capteurs pour un bronzage uniforme.
L : J’opte pour les cures thermales option diabète à 2 000 € la semaine : je suis prêt à tout pour annuler mon diabète.

Exceptionnellement, vous octroyez-vous des repas festifs?
G : Ouh là non, c’est trop compliqué de changer mes habitudes, mes doses et mes menus hebdomadaires.
P : Oui mais uniquement à domicile car on ne sait jamais ce qu’on mange chez les autres.
L : Pourquoi exceptionnellement? Par ici la bonne soupe : manger plus, vive les bolus!

Le sport et vous :
G : Le quoi ?
P : Tous les jours, même heure, quoiqu’il arrive, rendez-vous avec mes alliés principaux : mes baskets, mon consommateur de glucides et mon litre de jus de pomme. Je suis un DSD (Diabétique Sportivement Dépendant).
L : Je sollicite mes muscles pour provoquer une augmentation de la production d’adénosine triphosphate et par voie de conséquence, des besoins en glucose. Un petit coup de glycolyse et le tour est joué : ma glycémie en prend un coup et je peux noter des 1 gramme pile pendant parfois 24 heures!

Votre consommation d’alcool :
G : Il paraît que ça fait baisser la glycémie : il faut que je m’y mette.
P : Ouais, faut bien se lâcher un peu. Je briefe mon foie pour qu’il ne se mette pas trop entre parenthèses car il peine à faire deux choses à la fois ce foie, éliminer du vin et fournir du sucre. Les progrès iront peut-être un jour dans ce sens?
L : Alcool, Tabac, Pilule, Beurre : jamais touché à ça moi.

Fumez-vous?
G : On m’a déjà tout sucré, faut bien garder un petit quelque chose….
P : Je suis diabétique, alors en somme « j’ai déjà donné », on ne va pas en plus me coller un cancer sur le dos?
L : Mon cœoeur ayant longtemps balancé entre la microangiopathie et la macroangiopathie, j’ai fini par arrêter.

Utilisez-vous les outils de gestion (carnet, etc…) mis gentiment à votre disposition par les laboratoires?
G : J’ai fabriqué mon propre carnet sur tableur car il n’y a jamais assez de cases sur les standards, ni de place pour commenter chaque glycémie.
P : Non, à quoi bon si je ne le regarde jamais?
L : J’en traficote un vite fait avant le rendez-vous mais ça colle rarement avec ma réalité qui rentre difficilement dans les clous : plages horaires, nombre de repas, apéros dînatoires.

Vie professionnelle
G : J’ai créé mon propre boulot, je vais à mon rythme, c’est beaucoup plus simple.
P : Je n’ai rien dit, je veux avoir la paix et continuer à manger ce que je veux au self.
L : J’ai prévenu les collègues que j’étais très fatigable et que j’avais besoin de faire pas mal de pauses.

BILAN (simplifié)
35 % de G + 35 % de L
Vous en faites trop ! Lâchez prise, débranchez-vous ou arrêtez le carnet mais faites quelque chose pour vous détendre. Votre attitude a un coût, parlez-en à votre pharmacien et arrêtez de croire que vous en savez plus que lui.

Autant de P (en grammes) que de kilogrammes dans votre corps :
Ne seriez-vous pas diabétiquement obsédé? Méfiez-vous des comportements addictifs, vous pourriez devenir dépendant de votre diabète. L’orthorexie ne vous mènera à rien et vous risquez de finir seul (à table).

Plus de 50 % de G, presque autant de L, un P fantaisiste et plus de deux hésitations :
Vous êtes à côté de votre pompe ! Une session d’ETP vous remettrait dans le droit chemin. Contractez vite le correspondant régional de l’Union des Industries pharmaceutiques.

G=L=P
Tantôt votre propre diabétologue tantôt un diabétique propre, attention vous pourriez devenir expert. Soyez moins gentil ! Faites-vous des camarades sur Diabète et Méchant!