Bonjour,
Je m’appelle Glyquet.
Hémoglobine Glyquet.
Ben quoi !? C’est un nom comme un autre, non ? Ce n’est pas plus con que de s’appeler Pierre Desproges, Marcel Cerdan ou Raoul Potaufeu. Si ?
Oui. C’est plus con, vous avez raison.
Soyons clair, je ne dois pas mon identité à mes parents mais à mon diabétologue. C’est certain qu’avant de le connaître, je me nommais autrement et, aujourd’hui, cet autrement se partage entre autrement et moi, entre moi et autrement, en résumé je me partage entre 2 moi… Comme Berlin et son mur à l’époque.
Je le connais depuis très longtemps, ce diable de praticien et, depuis une vingtaine d’année, à chacune de nos rencontres plus ou moins… hospitalières, son accueil me rebaptise :
– Bonjour. Alors, Hémoglobine Glyquée, vous êtes à combien ?
Je traduis l’entrée en matière par « Bonjour M. Hémoglobine Glyquet, comment allez-vous ? ».
Non. Non. Triple Non !
Docteur, il faut que vous sachiez et pas seulement dans l’insuline, que j’ai une véritable identité. Je ne suis pas Glyquet, Hémoglobine de son prénom. Je suis un être normal doté d’un corps magnifique doué pour la vie, le travail, la grâce et l’amour, profilé pour le sport et le sexe, beau comme un dieu de l’Olympe bourré de nectar et d’ambroisie.
Au-dessus de ce corps, autour de ce corps, dans ce corps au milieu sur le côté sur les bords au fond par-ci par-là entre dedans, en un mot partout, oui partout habite existe nage évolue une conscience qui voudrait bien qu’on la considère autrement que comme celle d’un être réduit à s’appeler Hémoglobine de son prénom et Glyquet de son nom.
Ne serait-ce point évident pour le corps… médical cette fois, de faire correctement la distinction nécessaire ? Le corps… médical manquerait-il d’esprit ? Faut-il leur en vouloir ? Un peu ? Beaucoup ? Passionnément ? Pas du tout ? À la folie ? Ha… la folie… La folie de savoir qu’être diabétique de type 1, c’est comme la mort, quand on l’est, c’est pour la vie.
Faut-il rappeler systématiquement à son endocrino qui nous sommes et la dualité qui nous compose ? Mais attention, nous ne sommes pas à l’abri d’un heureux accident. Ainsi mon chemin a croisé une diabétologue qui héberge dans son cabinet une psychologue spécialisée dans les maladies chroniques. Elle n’est pas belle la vie ?
Dans une prochaine chronique (comme la maladie donc), j’aborderai la vie et l’œuvre de ma cousine. Elle est super chouette ma cousine, elle vaut son pesant de glucagon. Elle appartient à une famille pas aussi nombreuse que certains, pour des raisons commerciales, le laissent à penser mais, pour le moins, à une famille au sang noble, les dextros s’en souviennent : la famille des De Typain, Diabète de son prénom. Diabète De Typain.
Merci de votre attention. Ne lâchez rien, sauf vos Freestyles quand il le faut. Repos !
Avec toute ma sympathie empathique, S(a)igné Hémoglobine Glyquet (pour les précis précieux du vocabulaire, je sais que Glyquet s’écrit avec un é et un e mais, comme disait ma grand-mère, il n’y a pas de faute d’orthographe pour les noms de famille. Et toc !)
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