Diabète et méchant

Tout espérer, ne rien attendre.

Ne soyons pas désert

Qui de toi, soleil ou soif, se joue de mon âme, mémoire perdue d’une enfance en suspens.

Insouciance détruite d’une simple goutte de sang. Choc frontal sans état d’âme.

Qui suis-je ou étais-je ?

Individu, personne, enfant, patient, analyse, chiffre. Sage, équilibré mais pas équilibriste. Insoumis mais observant d’une constante ponctualité. Entre conscience et inconscience mon esprit vacille sur la subtile pente construite par une simple île déserte.

Tant que je suis sans être « lui » j’existe.

Tant que, si cela m’étreint, je continue à être dans ce silencieux combat

Quand l’étreinte brise le voile de ma conscience je cesse d’être moi pour devenir machiniste. Patient et scrupuleux observant.

 J’ai de la chance, j’ai vécu.

Peu, mais j’ai vécu, une dizaine d’années. Qui je suis c’est, pour moi, savoir qui j’étais pour parvenir à laisser derrière le voile cette altérité.

J’ai peu de souvenirs. La mémoire, c’est là sa beauté, n’est pas figée, rigide et encore moins définitive. Nous sommes des constructions en briques et tailles de souvenirs. Quelque-uns purement informels et la grande majorité totalement émotionnels et complètement subjectifs et fluctuants.

Un gamin, un adulte maintenant. De mes souvenirs restent ces images, instants, odeurs, sensations à présent reflétées sur des yeux d’adulte.

Un épisode de vie suffisant. Suffisant pour que je sache que vivre n’est pas que cela et que cela n’est pas, là, ma vie.

Un épisode assez court pour que je ne puisse être obsédé par un avant devenu trop lointain, distant. Trop rapide aussi.

 Ainsi j’arrive à savoir, assis sur cette herbe fraîche, que quelques fois ce que l’on nomme « bonheur » consiste à ne simplement penser qu’à cette herbe, cette odeur agré- ou désagréable, à une pile de tracas quotidiens comme une autre. Le sens de la rivière qui coule à défaut d’avoir de certitude sur celui d’une vie…

 Mais juste un instant sans être résumé à un chiffre symptomatique ou non.

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  1. Mouric

    C’est si bien écrit et si vrai!
    Mon avant à moi fut plus long, donc je peux confirmer. « Il » n’est pas la vie.
    Cet été, j’ai trouvé par obligation plaisir aux petites choses: une brise, l’odeur de la mer, les allées et venues d’un couple de moineaux allant nourrir leurs petits sous le faîtage…
    Suspendaient le temps, entre deux vérifications, deux injections…

    Merci pour votre si beau texte!

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2016 - Diabète et Méchant