Il y a 6 mois, Léonard Vernet, qui dirige l’épatante Fondation Romande pour la Recherche sur le Diabète, m’avait signalé une nouvelle insuline lente, la Tresiba, déjà disponible en Suisse et dans d’autres pays, parfois depuis plusieurs années. D’une durée d’action bien supérieure à ses concurrentes (72 heures), elle permet, avec une injection par jour, de prendre en charge les besoins du métabolisme avec une stabilité accrue.

Heureux de cette bonne nouvelle, je me renseigne auprès de mon médecin et de ma pharmacie. Aucune trace ici, y compris sous son appellation d’origine (insuline degludec). J’écris à Novo, qui la fabrique, pour en savoir plus. Pas de réponse. Je leur réécris plusieurs fois, idem.

J’ai été confronté à la même absence totale de réaction lorsque j’ai cherché à rencontrer des responsables de Sanofi en préparant mon livre. Voulant éviter tout manichéisme et les clichés simplistes sur l’industrie pharmaceutique, je souhaitais comprendre et pouvoir exposer leur vision des choses.

Après les fautes de carre de Servier attaquant Irène Frachon, mettant fin ainsi à l’indifférence suscitée jusque-là par ses déclarations sur le Mediator, tout dialogue semble impossible. On ne parle qu’aux associations de patients agréées, et financées.

C’est très inamical, et insultant à l’égard des diabétiques, dont le malheur fait le bonheur de Novo (et un taux de rentabilité à plus de 30%*) depuis tant d’années. Aucune grande marque, dans aucun domaine, ne se permet de traiter ainsi ses clients. Mais il est vrai que dans le diabète ceux-ci sont captifs, entre les mains de trois entreprises qui se partagent le gâteau, alignent leurs tarifs, y compris sur les produits génériques ou biosimilaires. La grossièreté de Novo-Nordisk, comme celle de Sanofi, est une manifestation mineure de leur abus de position dominante.

Travaillant dans l’industrie du disque, j’ai vu des fusions de majors cassées à Bruxelles pour moins que ça. Faut-il que nous allions devant la Commission européenne?

https://www.tresiba.com

(*) : 30% de rentabilité (20% seulement pour ces gagne-petit de Sanofi), c’est près du triple de ce que promettait Bernard Madoff…