Prologue

La « métaphore » m’est venu à l’esprit il y’a déjà un moment. Comme une mélodie, pas agréable d’ailleurs, qu’on ne parvient plus à faire taire.

Comme une évidence aussi. Il arrive que, à force d’être ceci ou cela, on n’oublie jusqu’au caractère exceptionnel de ce qui est sous nos yeux. Et cela devient plus ardue quand il s’agit de « ce qu’on est ».

Je n’aime pas ce texte, je ne lui trouve pas de belle forme, de singularité attachante ou la moindre poésie.

Et, pourtant, je l’ai écrit. L’écriture est ingrate. Elle nous laisse inlassablement insatisfait en nous amenant aux confins de ce que le langage peut décrire de nos émotions. Et idées.
Aujourd’hui, je choisi de « l’achever ». Parce que, d’une certaine façon, je trouve qu’il rend dignement hommage à Téo, Séb…

Et tant d’autres, in Fine.

A la mémoire de Téo Laverre et Sébastien Barrier.

Métaphore (La guerre)

Depuis des temps au delà des mémoires,
Nos chemins se croisent. Dans cette étrange mélopée,
Bâtie de fer, pierre et d’encre noire.
Qui s’accorde dans une symbiose entêtée
Oh combien fructueuse et prolifique.

Au début il n’y avait que les sons.
Chants et cris à la lourdeur des sens et mélodies entêtantes.
Les hommes, alors, ne connaissaient de toi que ces rîtes aux parades enivrantes
Face au néant ils n’avaient pas, encore, nourries leur orgueil de l’ambre prométhéen.
D’argile et de sang ils demeuraient.

Puis vinrent ces sons. Musiques de métaux
Dans la pierre et le feu des Forges chantent les marteaux.
Rythmes singuliers célébrant à leurs manières la Genèse…
Ici et alors naquit la Métaphore.

Je me souviens…
La brume se condense alors que le soleil passe,
derrière le col aride et minéral.
Las, l’air même semble alourdi d’altitude
La haute montagne m’a toujours fait peur.
Autant qu’elle me fascine.
Tout, là haut, n’est que cycle.
Déséquilibre permanent et subtile. Minérale d’apparat.

Si j’avais pu…
J’aurais passer ma vie outre-Col. Loin des vallées aux tracas et bruits humains.
Je la vois, aujourd’hui, avec une humilité qu’aucun Homme ne mérite.
Elle révèle aux yeux qui savent encore lire.
L’orgueil abscons des hommes.
Et me raconte mes faiblesses, la limite de mon humanité.

La maladie ne serait-elle pas un massif comme les autres ?
Qui, de l’étendue de sa permanence, martèle de questionnement le sens des vies.
Qui, de l’immaculée conception glacée nous tend un miroir glaçant

La vie Est,
Et cela suffit.
Aveuglés que nous sommes par l’Avoir.

S’il est une chose qui demeure.
Qui s’insinue, persiste, c’est bien cette foutue Métaphore.
D’Ulysse à Marvel les héros ne sont que guerriers aux vertus variables.

D’abords il faut courir et gagner la lutte pour devenir.
Président, soldat, infirmière ou manutentionnaire.
Allez savoir !

Lequel d’entre eux s’est plus battu ?
Puis il faut continuer à se battre,
Même pour un monde meilleur.
Pour préserver ou conserver.
Détruire, avancer ou reculer.
Sur les bancs d’écoles, des facultés. Soit forte,
Et la première.
Performe ma fille, la perfection seule comptera.
Et aux IA tu devras te mesurer.
Quand tes semblables tu n’écraseras pas.

Contre l’obscurantisme, l’ignorance, le populisme…
Ou ce que tu veux.
Continue la guerre.
Malgré les obstacles et les charniers.
Même pour la Vie,
Poursuit, le combat.

Nous sommes en guerre, disent ils.
Les virus en tremblent encore.

Dans les hôpitaux, les cours de récré, à l’assemblée…
Dans les salles d’attentes, les couloirs des facultés,
Dans les internats de CHU et, même, face à la maladie.
Même, face à la finitude…
…Même face à ton impuissance…
Bats toi ! Disent ils…

L’Homme a une peur féroce de son impuissance face à la mort.
Et un orgueil suffisamment démesuré pour plier le monde à sa volonté.

A voir l’œuvre humaine, ses arts et sciences…
De la plus pure beauté,
A la laideurs absolues…
Comme si, finalement, puisqu’il faut bien mourir.
Et, comme depuis longtemps l’on n’apprends plus à mourir
Que l’on ne sais même plus vraiment vivre…
Alors, tel un animal, on ne sais plus que lutter
Combattre, écraser, compétiter sans ciller
Nul égo, sans virilité macabre, ne naît plus.

…Alors…

Comment ne pas comprendre…
Le vide qui appelle ceux qui quitte l’arène ?
Bâtie de nos mains et mots, filant la Métaphore

Comment ne pas comprendre…
Le vide qui sidère ceux qui nous quittent ?
Usés de la vacuité de ces combats sempiternels
Pendant que nous buvons à la santé des soldats
Malgré eux…

Comment ne pas comprendre…
Qu’il ait des Hommes qui ne soient pas guerriers ?
Qu’on puisse mourir, fort de nos faiblesses.
Qu’on puisse vivre,
Malade, sans être Achille sur les remparts
Tout juste bon à regarder ses pieds !

Il y a si longtemps à présent…
Sur un sentier aride des Alpes.
Là où le soleil brûle la terre,
Et la terre chatouille le ciel
Entre chiens et loups, les poches vides,
Un jeune homme marche.
Laissant derrière lui,
Gloire, camaraderie, sécurité
L’orgueil d’une génération entière

Parce qu’il ne voulu pas assassiner un gamin
Parce que ce gamin ne voulu pas se battre
Parce qu’il ne voulu pas tuer un amoureux qui,
Pour seul combat voulait la revoir,

Alors il marche…

Je suis cet homme,

Et vous ?