Nous avons particulièrement aimé cet article publié par Kate Felton sur son blog :
http://www.notsurehowtodayends.com/blog/2016/4/18/brave. Nous nous permettons donc d’en proposer ci-dessous une traduction française.
C’est drôle. J’entends les autres parents me répéter sans cesse les mêmes choses depuis ce diagnostic. S’il vous plaît, si vous reconnaissez vos questions, ne vous sentez pas coupables. Je sais très bien pourquoi vous les avez posées et je ne vous en tiens pas rigueur.
- Comment est-ce que tu t’en es aperçue ?
Traduction : Comment est-ce que je m’en apercevrais ? Cliquez ici pour la réponse. Lutter contre la méconnaissance sauve des vies.
- Est-ce qu’il y a d’autres diabétiques dans la famille ?
Traduction : Je t’en supplie, dis oui, pour que je puisse continuer à croire que jamais cette catastrophe ne frappera ma famille.
- Mais ça se soigne très bien avec un régime et de l’exercice physique, non ?
Traduction : Ce n’est pas très grave, hein ? Je suis vraiment mal à l’aise et j’aimerais que ce ne soit pas très grave pour qu’on puisse arrêter d’en parler maintenant.
- Tu es une super maman. Elle a de la chance de t’avoir.
Je suis une mère très moyenne au mieux mais la recherche tend à montrer que c’est très probablement suffisant. Je me débrouille au jour le jour avec les situations comme elles viennent, comme tous les autres parents du monde. Le fait que je doive gérer une horrible tuile de nature médicale ne fait pas de moi une bonne mère. Cela augmente beaucoup ma fatigue par rapport à la vôtre mais c’est tout ce que je gagne. Pour autant que je sache, c’est moi qui ai de la chance d’avoir ma fille.
Et la remarque à laquelle on n’échappe pas :
- Je ne pourrais jamais faire une injection à mon enfant comme ça.
Si, vous pourriez. Vous pourriez tous. Je vous assure que vous pourriez et que vous le feriez sans coup férir. S’il faut choisir entre ça et la mort, les aiguilles ne sont pas si terrifiantes.
Moins fréquents, mais trop souvent entendus quand même :
- Oh, j’ai un cousin au deuxième degré/un ami d’ami/un arrière-grand-oncle qui est mort/a fini aveugle/amputé à cause du diabète.
Ça, c’est dur à entendre, surtout en face des enfants, surtout en face de ma fille, qui entend et qui absorbe tout.
- Mon chat était diabétique et l’assurance ne voulait même pas payer l’insuline.
Quelqu’un s’est réellement plaint de ça à moi récemment, authentique. J’ai vraiment eu du mal à maîtriser la tête que je faisais.
Et pour finir :
- Au moins, ce n’est pas une maladie vraiment grave, comme le cancer.
Sans commentaire.
Je m’efforce de répondre aux questions aussi honnêtement et aussi franchement que possible, en laissant de côté mes réactions épidermiques et en essayant de fournir des informations objectives en tenant compte du point de vue de mon interlocuteur. Je m’applique à être sincère dans ma vie, à demander de l’aide lorsque j’en ai besoin, à le dire quand c’est dur, et c’est souvent dur en ce moment.
Je comprends. C’est bizarre, brutal et gênant de laisser ces grands mots qui font peur – acidocétose, coma, convulsions, amputation, cécité, hôpital – résonner dans le vide et plomber l’ambiance. C’est dur de trouver les mots. Je crois que j’aimerais juste dire aux gens qu’ils peuvent se taire, écouter ce qui est dur et ne pas se sentir obligés de meubler le silence. Mais si vraiment vous devez dire quelque chose, j’aime bien la poésie de cette phrase : « Merde, ça fait vraiment chier ».
Anne Durand
Ça fait vraiment chier, Kate ! Et après plusieurs années après le diagnostic , c’est du style « comment ça va son diabète, bien ? », toujours hors de propos ! Anne, maman de Marie 13 ans DT1 depuis 4 ans