Diabète et méchant

Tout espérer, ne rien attendre.

Auteur : Matthieu de Mijolla

Étrange métaphore, In Memoriam

Prologue

La « métaphore » m’est venu à l’esprit il y’a déjà un moment. Comme une mélodie, pas agréable d’ailleurs, qu’on ne parvient plus à faire taire.

Comme une évidence aussi. Il arrive que, à force d’être ceci ou cela, on n’oublie jusqu’au caractère exceptionnel de ce qui est sous nos yeux. Et cela devient plus ardue quand il s’agit de « ce qu’on est ».

Je n’aime pas ce texte, je ne lui trouve pas de belle forme, de singularité attachante ou la moindre poésie.

Et, pourtant, je l’ai écrit. L’écriture est ingrate. Elle nous laisse inlassablement insatisfait en nous amenant aux confins de ce que le langage peut décrire de nos émotions. Et idées.
Aujourd’hui, je choisi de « l’achever ». Parce que, d’une certaine façon, je trouve qu’il rend dignement hommage à Téo, Séb…

Et tant d’autres, in Fine.

A la mémoire de Téo Laverre et Sébastien Barrier.

Métaphore (La guerre)

Depuis des temps au delà des mémoires,
Nos chemins se croisent. Dans cette étrange mélopée,
Bâtie de fer, pierre et d’encre noire.

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Confins d’humanité, de la résilience

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Maintenant que cette folle année touche à sa fin, que par deux fois déjà nos vie ont été mises en suspens je me rend compte que, s’il existe de nombreux mystères dans l’âme humaine, la résilience est probablement une des savonnettes après lesquelles nombre courent.

On s’intéresse à elle par intérêt, la désirant pour nous même ou les autres. Plus on cherche à la définir et moins on la comprend. Elle fuit perpétuellement, comme notre ombre à midi. La questionner est une démarche individuelle qui nous amène à nous confronter aux tréfonds « de notre âme » pour y trouver où se forgent nos intuitions et névroses.

Comment se changent-t-elles en résilience ? Et, comment la source d’une résilience peut devenir la plus pernicieuse compagne de route d’une vie ?

Et, surtout, combien de fois peut-on, en une vie…?

Paris, le 4 Février 2020

Je traverse le quartier de la Défense après une journée bien remplie. Il me reste encore 4 heures de trajet avant d’être chez moi 596km plus loin. Un vent d’Ouest balaie de ses soupirs la ville lumière et disperse de fébriles nébulosités colorées par le soleil couchant.

Je n’ai jamais vraiment aimé Paris, la froideur des bitumes, du béton. L’odeur aussi, surtout peut-être. Mais, à cet instant, le soleil couchant ses reflets entre une collection de façades miroirs rend cet endroit et son panorama magnifiques. Je n’imaginais alors pas que d’ici peu je ne pourrais y revenir.

Ni que je ne saurais pas quand je reverrais les quais de Seine.

Francfort, Juillet 1943

Avec les copains on a eu de la chance. Certains sont arrivés ici de leur propre chef, quelque uns plus rare, par la contrainte. Nous ne le réalisons pas alors mais nous sommes des veinards affectés aux imprimeries. Les cadences sont décentes. Du moins, elles ne sont pas pires que celles des ateliers d’imprimerie parisiens. Mais, ici au moins, les machines sont flambant neuves et des mécanos s’occupent parfaitement de leurs réglages. Cela m’épargne de passer mon temps à les rafistoler. Les baraquements sont décents, plus que ce qui existe en logement à Paris du fait des privations. Mais on se rend bien compte que, parmi nous, nul n’est rouge ou juif…

On ne réalise vraiment la chance que l’on a eue qu’après coup. Encore qu’il existe des hommes incapables de le reconnaitre.

Par orgueil et préjugés ?

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Les effets de bord, au-delà des apparences

Ça va ?

Bonjour Maurice*, comment vas-tu ? Question, banale s’il en est…

Qui devient un non-sens lorsqu’elle se transforme en cette si commune injection injonction matinale :

Hé Maurice ! Ça va bien ?

Bien… ?
Oui. Enfin, tu veux la vérité ou juste dire bonjour ?

On pourrait aussi parler des selles de Louis XIV. Ce serait un peu capillotracté bien qu’étymologiquement à propos.

L’expression « effet de bord » désigne, en informatique, les situations où un programme se retrouve confronté à une situation imprévue par le programmateur. Mais, cependant, continue à fonctionner… Généralement de façon tout aussi imprévisible en bon petit soldat.
Si j’aime cette expression c’est que je la trouve très à propos pour désigner ce que, du fait de notre subjectivité, de notre unique et particulière expérience de l’existence et la vie, on cesse de percevoir. Percevoir nous concernant mais aussi concernant les autres. Dans un

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Le progrès, disent ils

 Imprégnation, infusion et confusion

Les choses évoluent, la médecine progresse et nous n’échappons pas à de spectaculaires avancées.

Parmi celles-ci soulignons en quelques unes pour l’année passée :

En 2019 les innovations sont légions,

Capteurs glycémiques et continus pris en charge,

Des pompes sexy pour décomplexer à la plage,

De l’insuline plus véloce encore qu’un avion

 (Panne d’inspiration — aucun poète maudit typé 1 n’a encore été recensé au XXième siècle. Mais les inscriptions sont encore possibles pour le XXI. Vous avez le droit d’être né au XX sous réserve de dérogation, aucune dérogation n’est plus requise pour la sobriété)

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Je suis assis à une ancienne table de chêne qui a vu passer quelques générations avant moi et, pour la première fois depuis 23 ans, je bénéficie de cette avancée de n’avoir qu’à presser un bouton pour gérer mon repas.

Je dois vous faire un comming-out. En une semaine, je suis passé de simple mortel DT1 à superman connecté digne de figurer sur des plaquettes publicitaires. En un an je suis passé de malade ayant un

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Ne soyons pas désert

Qui de toi, soleil ou soif, se joue de mon âme, mémoire perdue d’une enfance en suspens.

Insouciance détruite d’une simple goutte de sang. Choc frontal sans état d’âme.

Qui suis-je ou étais-je ?

Individu, personne, enfant, patient, analyse, chiffre. Sage, équilibré mais pas équilibriste. Insoumis mais observant d’une constante ponctualité. Entre conscience et inconscience mon esprit vacille sur la subtile pente construite par une simple île déserte.

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The Holy Economic War

Le traitement des diabètes est un marché lucratif. Les écarts de prix concernant les médicaments de première intention, tels que les insulines mais aussi la Metformine et quelques autres pour les types 2 en sont le reflet. Et cela reste, malheureusement, une cause de souffrance et décès pour nombre de diabétiques de par le monde.

Pour peu que l’on soit sensible à la question, ou intéressé par celle-ci, on entend régulièrement parler des affrontement et prises de position des trois grands producteurs d’insuline que sont Eli Lilly, Novo Nordisk et Sanofi. Parfois, même, nous avons tendance à penser que seulement ces trois-là existent.

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QUAND LA ROUTE PARAÎT TROP LONGUE

Illustration de FranzTout récit aurait un début et, parfois, une fin. C’est ce qu’on apprend et observe sur de (trop ?) nombreux écrans. On nous apprend ensuite et aussi que le début est au passé.

Il faut que je vous fasse une confidence : j’ai hésité à suivre machinalement cette règle. En fait, voyez-vous, le fait est que, même sans DeLorean nucléaire, le voyage dans le temps existe.

Sauf que l’on nomme cela communément « mémoire ». Et, trop souvent, on aimerait la voir fonctionner comme celle d’un ordinateur.

Eté 2018 – Un présent comme d’autres jours

Examen de routine à l’hôpital de Tulle, cela fait cinq ans que je n’y ai mis les pieds et probablement plus d’un an que je n’ai vu aucun médecin. Juste besoin d’un certificat que pour des raisons pratiques mais surtout personnelles je préfère aller chercher là.

Sans doute aussi un besoin d’humanité loin des usines médicales urbaines. Rien de spécial sous le soleil de juin, un médecin que je connais depuis plus de vingt ans m’attends et me rédige le dit certificat. Le temps le presse mais il le prend tout de même, il m’explique qu’un nouveau dispositif pourrait me faciliter la vie et est pris en charge depuis le printemps. Il semble surpris, à moitié me connaissant, que je n’en sache rien.

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2016 - Diabète et Méchant