Depuis quelques semaines, comme par magie, des pages entières consacrées au diabète surgissent dans les media.
Tout à commencé avec une pleine page dans le Journal du Dimanche du 21 février. Un article édifiant titré « Maïwenn, enfant du diabète » sur un livre sponsorisé par l’Aide aux Jeunes Diabétiques. Le lecteur du JDD peut ainsi apprendre que grâce à la pompe à insuline la petite diabétique ne se pique plus…
Un encadré annonce l’arrivée imminente d’un pancréas artificiel (étant moi-même originaire du Midi je me permets de souligner que le CHU de Montpellier est en la matière le champion mondial des tartarinades et des effets d’annonce) et le projet Diabeloop (« développé par la start-up du même nom et financé par des fonds publics »).
Un deuxième encadré est consacré au FreeStyle Libre (maintenant qu’Abbott peuvent le produire ils sont un peu plus bavards). On touche alors le fond, puisqu’un expert (anonyme) ose déclarer : « C’est bien d’avoir des chiffres mais qu’en font les malades? est-ce que ça va améliorer à long terme l’équilibre de la glycémie? Les résultats des études cliniques ne sont pas spectaculaires ».
Qui est cet expert? Quels sont ses éventuels liens d’intérêt? Il serait très intéressant de le savoir, j’espère qu’Anne-Laure Barret, la journaliste santé du JDD, aura l’honnêteté de le préciser.
Dans son édition du 14 mars, Le Parisien Aujourd’hui en France prend le relais sur le Diabeloop, usine à gaz de conception déjà obsolète mais vrai attrape-gogos pour investisseurs. Quand on lui demande si le pancréas artificiel est une solution après une ablation de l’organe, le docteur Charpentier, caution médicale de l’entreprise, décrète élégamment que « le cancer du pancréas a malheureusement, dans la plupart des cas, un pronostic à court terme mauvais, et le problème de ces patients n’est pas un contrôle strict de la glycémie ». Délicatesse.
Le passage le plus drôle : « Par rapport à ses concurrents étrangers, Diabeloop {initié en 2011 et promis pour 2018-2019} se distingue par un service à distance 24 heures sur 24, avec un tableau de suivi par des infirmiers spécialisés. Diabeloop propose également une fonction de soutien “en cas de ras-le-bol ou de coup de stress », précise le diabétologue Guillaume Charpentier ». Il était urgent que Le Parisien parle de ce projet qui n’a encore aucune concrétisation : « Diabeloop est attendu de pied ferme par les 200 000 personnes touchées en France par le diabète de type 1 », même si Erik Huneker, directeur général de Diabeloop, envisage son extension à certains type 2.
Enfin, mercredi 23 mars, Le Monde publie deux pages Grand Angle avec un message volontariste adapté au lectorat du quotidien : il faut que l’Etat rembourse plus encore pour le diabète, tout particulièrement pour les fausses innovations concernant le diabète de type 2. Mais le quotidien a le mérite de mentionner que ces pages sont un « Communiqué », autrement dit qu’une agence de communication en est à l’origine.
Le point commun de toutes ces publications est de détourner le regard des questions intéressantes, du scandale du sur-remboursement de la Lantus (50% au-dessus de ses concurrentes avec une ASMR inexistante), de celui de Sophia ou de la stratégie commerciale pitoyable d’Abbott. Enfin, aucune des pistes conduisant à la guérison du diabète de type 1 n’y est abordée, alors que les premiers résultats sont déjà là.
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