Salle d'attenteJ’ai découvert mon diabète il y a 5 ans.

Depuis quelques mois, quelque chose a changé. La gestion de mes hyperglycémies devient plus compliquée.

Je pense tout de suite à la fin de ma lune de miel qui dure depuis 4 ans et demi. Cette douce sensation que la gestion des variations de glycémie est « facile » me quitte peu à peu.

Jusque là je peux dire que je me connais bien, les aliments que je mange aussi et les doses d’insuline que je m’injecte sont efficaces, sans trop d’hypers et sans trop d’hypos.

Seulement voilà, depuis le mois d’octobre dernier, les choses se compliquent. Mon corps ne réagit plus de la même façon, surtout au déjeuner que je choisis volontairement identique quasiment tous les jours au bureau. Une salade de crudités ou une purée de légumes et un yaourt. De 2 unités de rapide, je passe à 5 et malgré ça, je constate des pics jusqu’à parfois plus de 3 grammes dans l’après-midi.

J’augmente aussi la « lente » pour tenter d’équilibrer encore mieux cette glycémie qui semble vouloir se payer un tour de montagnes russes.

Heureusement, j’ai rendez-vous chez mon diabétologue le 22 janvier.

Le 16 janvier, il m’appelle et annule notre rendez-vous pour le reporter au 2 février. Je ne suis plus à 2 semaines près.

2 février, j’ai rendez-vous à 17h40, j’arrive avec 10 minutes de retard (en même temps, depuis que je le vois, mon diabétologue ne m’a jamais reçue à l’heure et je prends toujours le dernier rendez-vous de la journée, au cas où).

Surprise, je trouve porte close. Je sonne, personne ne vient m’ouvrir alors que j’entends des voix à l’intérieur. Je patiente, la secrétaire médicale doit déjà être partie et c’est le médecin qui viendra m’ouvrir étant donné qu’il exerce seul.

20 minutes plus tard, la porte s’entrouvre. Personne ne m’accueille. J’entre quand même et patiente dans la salle d’attente où sont présentes 2 personnes.

Après encore 20 minutes d’attente, un médecin (avec qui je n’ai pas rendez-vous) débarque en salle d’attente et m’assène un « mais vous êtes terriblement en retard !!! » sans même me dire bonjour ni se présenter.

Je comprends rapidement que je ne verrai pas mon diabétologue habituel mais cet homme impoli et qui devrait certainement être à la retraite depuis une bonne décennie (mon diabétologue reprend sa patientèle progressivement).

Je lui rappelle gentiment que j’ai poireauté 20 minutes à la porte et lui glisse au passage qu’il a également du retard.

Il reçoit une patiente avant moi, j’ai donc encore 30 minutes pour terminer le livre que j’ai dans mon sac.

Enfin, le docteur revient et sous-entend que je devrais laisser ma place à la dame qui a rendez-vous après moi sous prétexte qu’elle est arrivée en avance (et donc avant moi).

Pas question vu l’accueil qui m’a été réservé, j’ai juste envie d’avoir mon ordonnance d’insuline et de quitter ce cabinet.

La consultation commence donc sur une note un peu piquante puisque je me fais une nouvelle fois réprimander comme une enfant mal éduquée parce que je n’ai pas voulu céder ma place.

Ce monsieur parcourt ma fiche médicale et prend le temps de lire l’historique des 5 dernières années. (Ah ouf, il s’intéresse quand même à ses patients…).

En fait non pas vraiment puisque il ne fait qu’étaler son « savoir » sur les différentes données de l’historique qu’il est en train de lire.

Il me pose des questions mais n’écoute pas les réponses. Il y répond à ma place même parfois.

Moi qui voulais évoquer mon problème d’hypers après le déjeuner, lui ne s’intéresse qu’à mes rares hypos nocturnes.

Il souhaite m’apprendre à m’injecter l’insuline et voudrait m’imposer des sites d’injection pour chaque repas (le matin et le soir dans le ventre et le midi dans la cuisse).

Il a déjà oublié qu’il a lu ma fiche médicale qui mentionne pourtant bien que je suis diabétique depuis 5 ans. Je ne suis donc pas venue pour apprendre à m’injecter, je crois savoir comment je dois le faire.

Il s’étonne et m’engueule parce que je lui dis que je déjeune à 13 heures et que je dîne rarement avant 21 heures. Visiblement il considère que je dîne trop tard. Je devrais penser à solliciter de mon employeur un aménagement d’horaires me permettant de rentrer chez moi plus tôt pour avoir le temps de préparer le dîner et mettre les pieds sous la table à 18 heures 45, comme en maison de retraite. Ou alors demander une augmentation pour me payer un domestique qui se chargera de préparer les repas.

Il regarde mes analyses de sang, tous les résultats sont bons, sauf la créatinine urinaire qui explose les plafonds. Il commence bien entendu par me sermonner encore une fois, 6,2 d’HbA1c ça n’est pas assez. Puis il s’indigne en voyant une analyse supplémentaire et inutile qui coûte à la « sécu » (j’avoue que je le rejoins sur ce point). J’attends qu’il m’explique ou qu’il cherche d’où peut venir ce résultat mais lorsque je lui pose la question il balaye la feuille de résultats d’un geste de la main et m’indique qu’il préfère rechercher d’autres maladies auto-immunes.

Sur quoi il se base ? Il a une patiente, du même âge que moi, découverte du diabète à 30 ans comme moi, qui a quasiment le même parcours médical que moi mais la pauvre elle cumule plusieurs maladies auto-immunes (dont j’ai oublié le nom car je ne m’identifie pas à cette personne). Puisqu’aucun traitement préventif n’existe pour ces maladies, et parce que je n’ai pas envie de voir l’épée de Damoclès qui pourrait se trouver au dessus de ma tête, je ne ferai pas les analyses qu’il me prescrit.

Le moment que je redoutais arrive, il aborde les sujets tels que le tabac, la pilule, l’alcool. Tout est indiqué dans mon dossier, je ne fume plus, je bois de l’alcool occasionnellement et oui je prends un contraceptif, prescrit par un gynécologue qui connaît mon diabète et avec qui j’ai testé différentes molécules.

Mais non, ça ne va pas, il est certain que cette contraception est contre-indiquée en cas de diabète. 5 minutes sur son écran il jubile d’un « AH ! Voila ! » et me sort la fameuse contre-indication qui conseille de consulter son diabétologue avant de la prendre. Inévitablement, il ne m’écoute pas lorsque je lui dis que c’est exactement ce que j’ai fait, il préfère me gourmander encore une fois parce qu’il existe des pilules qui me conviendraient mieux. Sauf qu’encore une fois s’il m’écoutait, il saurait que celle dont il parle, je l’ai testée et elle ne me convient pas.

S’agissant de la grossesse, là encore, avant même de me dire qu’il faut un diabète équilibré avant d’envisager une grossesse, chose qu’on m’a répété à chaque consultation sans que je n’évoque le moindre projet de grossesse, il me parle d’emblée d’une hospitalisation à prévoir.

Pour un médecin qui râle pour une micro analyse de sang supplémentaire qui coûte à la sécu, il souhaite engager une dépense plus coûteuse encore, et sans raison apparente, m’hospitaliser pour me préparer à une grossesse.

En fait là je ne l’écoute plus, je le laisse parler. Ne pas le braquer avant qu’il me donne le graal, mon ordonnance d’insuline…

J’aurais aimé aborder les vrais difficultés que je rencontre, au lieu de ça j’ai été traitée comme une enfant irresponsable et me suis faite houspiller pendant toute la consultation.

Au lieu de me sentir rassurée et confiante, j’en suis sortie perdue et en colère.

Monsieur, prenez votre retraite et cédez votre place à quelqu’un qui saura mieux considérer et écouter ses patients, ils vous en seront reconnaissants.

Je tais volontairement son nom parce que, comme le dit si bien Bertrand, il ne s’agit pas de faire un « Balance ton diabéto », mais juste de dénoncer, une fois de plus, la culpabilisation subie par les patients diabétiques.

Quelle contradiction des médecins qui vous disent, lorsqu’ils vous annoncent que vous êtes diabétique : « Ne vous inquiétez pas, ça se soigne très bien maintenant », ou encore « on vit très bien avec », puis passent les consultations à vous réprimander et vous culpabiliser.

Mon prochain rendez-vous sera avec le docteur Claude COLAS. Cette future consultation semble avoir une influence très positive a priori, je n’ai pas dépassé les 1,80g depuis que le rendez-vous est pris.