« Ne vous inquiétez pas, cela se soigne très bien et vous aurez une vie normale » : quel diabétique n’a jamais entendu cette phrase, de son médecin, de l’ami de la famille, ou de quiconque peut penser avoir un avis très tranché sur la normalité de la vie diabétique ?
Mais qu’est-ce qui est normal dans cette vie quand le premier geste le matin au réveil et le soir au coucher est de se piquer le bout du doigt pour en faire jaillir une goutte de sang ? Qu’est-ce qui est normal dans cette vie où le corps est relié à une petite machine par un fil, où un capteur est enfoncé dans le bras ? Qu’est-ce qui est normal dans le fait d’avoir un médicament à injecter pluri-quotidiennement et ce, toute sa vie ? Qu’est-ce qui est normal dans le fait d’avoir une sensation de fatigue au travail ? Qu’est-ce qui est normal dans le fait de ressentir un tel poids dans la gestion quotidienne de sa vie ?
Qui est normal ? Qu’est-ce qu’être normal ? Je ne prétendrai pas y répondre ici et la philosophie pourrait le faire moyennant quelques heures de discussions.
Peut-être si nous voulions absolument aborder cette notion de normalité, la question que nous devrions nous poser ou que les médecins devraient discuter avec leurs malades serait comment vivre normalement sans avoir une vie normale ?
Il ne faudrait jamais dire à un diabétique qu’il aura une vie normale. Il aura une vie, c’est déjà une chance que n’ont pas eue les diabétiques qui nous ont précédés avant la découverte de l’insuline et ce n’est d’ailleurs toujours pas le cas pour les diabétiques de pays pauvres où l’insuline reste inaccessible et où les diabétiques de type 1 meurent faute de traitement.
Mais il aura surtout une charge mentale de tous les instants, des contraintes physiques liées aux variations de glycémie, une certaine lourdeur dans la gestion de sa vie quotidienne et des excès qu’il pourra ou non se permettre, il sera épuisé à certains moments car il aura eu une hypoglycémie en pleine nuit ou une hyperglycémie pendant plusieurs heures.
Bien sûr, il pourra travailler mais devra se poser parfois cette question de dire ou ne pas dire qu’il est diabétique sous insuline à son supérieur car il pourra ressentir une gêne ou de la peur.
Oui, il pourra faire du tennis, de la course à pied, du trail, de la boxe ou de la plongée même.
Oui, il pourra avoir une vie de couple et des enfants.
Il ne sera pas une personne malheureuse loin de là, il aura ses quantités de joies et de peines dans son existence.
Mais il aura une vie avec quelque chose de lourd à intégrer, à apprivoiser, à gérer, une vie reliée à l’insuline, quelque chose de pas si normal.
Emmanuelle
Tout est dit ! Ça fait du bien de lire ce qu’on ressent!
Linda
Et en plus c’est une maladie qui apparaît brutalement chez les enfants. Quel courage ont ces petiots de supporter cette vie tout en sachant que pour le moment ils ne peuvent pas guérir de cette maladie !
sylvie filiol
Tres bonne analyse du ressenti des diabétiques de type 1.Une certaine normalite au prix d efforts de tous les instants!!
KylePhan
merci messieurs pour vos conseils, merci pour votre humanisme et votre sincérité, je vais suivre votre conseil pour combattre cette maladie de diabète qui menace beaucoup de gens
Petrus
Bravo! les diabétiques de type 1 sont des personnes très courageuses et qui ont parfois du mal à se faire entendre alors que c’est une lutte de chaque jour pour mener une vie « normale »
Giacomo Gastaldi
Merci et bravo !
Je me permettrais de vous citer pour évoquer la notion de charge mentale. Un diabétologue qui s’intéresse au fardeau de la normalité 😉