Le 26 novembre dernier, nous accueillions parmi nous grâce à Juliette Erik Huneker, CEO de Diabeloop, qui a bien voulu répondre à nos questions et nous présenter son projet de système de délivrance automatisée de l’insuline en boucle fermée (« pancréas artificiel ») : nous le remercions chaleureusement autant pour sa venue que pour son ouverture au dialogue.
Voici le résumé de nos échanges sous la forme de questions-réponses ; il ne s’agit aucunement d’un verbatim.
En quoi consiste le projet Diabeloop ? Quelles en sont les principales parties prenantes ?
Le projet Diabeloop a démarré autour du Docteur Guillaume Charpentier, diabétologue au Centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes. Il ne se confond pas avec les travaux du CHU de Montpellier sur le pancréas artificiel. Le Professeur Eric Renard est certes membre du Conseil scientifique de Diabeloop et certaines études ont été conduites à Montpellier mais ce n’est qu’un centre parmi d’autres.
Aujourd’hui, le CERITD, association Loi de 1901 fondée par Guillaume Charpentier, reste le principal acteur du projet, à côté de l’AVIESAN, de la BPI (qui a consenti un prêt) et d’Air Liquide (qui a pris une participation au capital de la Société par Actions Diabeloop).
Les partenaires industriels du projet sont Cellnovo et Kaleido (pompes), ainsi que Dexcom (capteur de glycémie en continu), le terminal Diabeloop étant de son côté, pour les études cliniques, un smartphone Motorola (bridé pour empêcher tout piratage).
L’ensemble du dispositif devrait obtenir le marquage CE en 2018, potentiellement en juin-juillet.
En quoi le produit Diabeloop se différencie-t-il du dispositif MiniMed 670g de Medtronic ? De façon plus générale, comment pourra-t-il gagner la guerre commerciale qui ne manquera pas de s’engager avec les « géants du diabète » ?
Diabeloop possède des avantages concurrentiels mais ceux-ci ne peuvent pas être révélés publiquement à ce stade et doivent encore être validés par des études cliniques dont certaines sont en cours. Diabeloop donnera en tout cas au patient plus de flexibilité pour procéder à des ajustements en fonction de sa physiologie et de son mode de vie. Notons au passage que ce point est l’objet de discussions parfois difficiles avec les médecins et les autorités réglementaires.
Ce ne sont pas toujours les meilleurs produits qui gagnent mais ce ne sont pas toujours les plus gros qui l’emportent non plus : l’ergonomie du dispositif et la qualité de l’algorithme compteront aussi. Cela posé, l’équipe Diabeloop pense pouvoir apporter aux utilisateurs une option alternative qui soit aussi commercialement viable.
Concrètement, comment le dispositif Diabeloop fonctionne-t-il ? En quoi change-t-il la donne par rapport aux options de traitement classiques ?
Grâce au capteur de glycémie en continu, l’algorithme Diabeloop réajuste la dose d’insuline à administrer de 5 minutes en 5 minutes, en tenant compte du niveau et de la tendance glycémiques actuels, ainsi que des doses précédemment administrées et toujours actives.
Lorsque l’utilisateur se prépare à manger ou à faire du sport, il doit le déclarer au dispositif ; optionnellement, la quantité de glucides au menu peut être indiquée. Les 48 premières heures, l’algorithme doit « prendre ses marques » : il fonctionne ensuite de façon optimale car il « apprend » de la physiologie du patient et des expériences passées.
Le système peut fonctionner avec n’importe laquelle des trois grandes insulines rapides actuellement sur le marché (Humalog, Novorapid ou Apidra), la variabilité entre les individus étant bien plus importante que la variabilité entre ces insulines. L’arrivée sur le marché d’insulines ultrarapides pourrait changer la donne, en permettant notamment de mieux gérer les repas.
Comment la pompe connectée Diabeloop sera-t-elle distribuée ? Sera-t-elle réellement disponible pour tous les patients qui souhaitent la porter dans un avenir proche ?
L’équipe de Diabeloop s’efforce de comprimer les coûts pour garantir l’accessibilité du dispositif au plus grand nombre, y compris via une prise en charge par l’Assurance Maladie, qui sera difficilement obtenue si le prix du dispositif est trop élevé.
Pour ce qui est du circuit de distribution lui-même, court-circuiter le réseau établi des prestataires de pompes, comme l’a fait Abbott pour le FreeStyle Libre, est certes tentant mais difficile pour une petite structure sans infrastructure logistique appropriée.
L’équipe de Diabeloop se préoccupe-t-elle des allergies potentielles aux différents composants du dispositif ?
Le problème des allergies en général, et aux canules, notamment en téflon, en particulier, commence à revenir sur le devant de la scène après des années de jachère. Il est permis d’espérer que les matériaux biosimilaires utilisés aujourd’hui en anesthésie soient également utilisés pour les pompes et les capteurs de glycémie à moyen terme.
Où les données collectées par le dispositif Diabeloop sont-elles stockées ? Qui peut y avoir accès ?
Les données sont stockées en France, chez un hébergeur agréé de données de santé.
La décision de partager ou non les données le concernant avec son médecin est laissée à l’utilisateur. Personne d’autre ne peut y avoir accès.
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