Diabète et méchant

Tout espérer, ne rien attendre.

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« FAIRE RÊVER LE MARCHÉ »

Un portrait du docteur Brandicourt, DG de Sanofi, avec les témoignages de moralité de Patrick Kron (le fossoyeur d’Alstom) et du sous-préfet Weinberg. Jazz, catamaran, jeunesse idéaliste, velléités d’année sabbatique*, toute la panoplie du dirigeant de bon goût y passe. Mais sur la Dépakine, la Lantus surpayée ou les patients en général silence. Il est vrai qu’on apprend que dans le cadre de son activité de médecin il n’en a jamais rencontré. Et le créateur de cet empire pharmaceutique, Jean-François Dehecq, appréciera avec quel tact ses successeurs évoquent son action. Ces fanfaronnades à la Messier nous feraient rire si elles ne lésaient que les gogos de la bourse. Hélas, comme nous venons d’en voir les prémices avec la Dépakine, c’est la collectivité tout entière qui payera les erreurs et les négligences criminelles de ces prébendiers.

(*) : pourquoi d’ailleurs lui avoir versé un pactole à son arrivée alors qu’il s’apprêtait à quitter Bayer pour faire un tour du monde à la voile?

http://www.challenges.fr/…/comment-le-directeur-general-de-…

 

DIVERSION

« Allô la Com? Vous pouvez nous balancer une annonce triomphaliste? Oui de toute urgence. Le cours de l’action est en train de dévisser, les résultats de la branche diabète aussi, et la Dépakine commence à produire ses effets secondaires, il faut absolument qu’on ait quelque chose à envoyer aux marchés. Aucune importance si le partenariat avec la filiale de Google est encore dans les limbes et n’est pas près de produire quoi que ce soit. Vous dites qu’on avait déjà annoncé la même chose il y a 6 mois? Mais tout le monde a oublié. Mettez bien « prend son envol » comme élément de langage dans le communiqué, ça donnera un signal positif. »

Le géant pharmaceutique français Sanofi et Verily, filiale santé d’Alphabet (Google), ont annoncé lundi la création de leur coentreprise Onduo, qui aura…
BOURSORAMA.COM

 

ON NE PRÊTE QU’AUX RICHES

Non seulement nous devons nous farcir leur agressivité commerciale, leur communication à sens unique, leur emprise sur les autorités de santé, et leur insuline remboursée 50% au-dessus de ses concurrentes.

Non seulement la collectivité va devoir payer pour leur comportement irresponsable sur la Dépakine.
Mais il convient aussi désormais de leur prêter à taux négatif et surtout il faudra, encore une fois, que l’Etat-« stratège » renfloue ce bateau ivrelorsqu’il aura coulé. Comme si la GMF, le Crédit Lyonnais, Vivendi et Areva n’avaient servi à rien.

— NOUVEAU PLAIDOYER POUR L’OR — Le nouveau livre de Jim Rickards : http://pro1.publications-agora.fr/527085 — ÉPISODE DU MERCREDI 7…
YOUTUBE.COM

 

MASSACRE À L’INSULINE

Ce texte, écrit par un DT1 américain relocalisé au Panama, où le prix de l’insuline a doublé en deux ans, est formidable, et malheureusement accablant.

These things, insulin in the fridge and friends who are keen to listen, may make me the most fortunate Type 1 in Panamá. Our struggles are a dream to many.
BEYONDTYPE1.ORG

 

L’EUROPE DE L’INSULINE RESTE À CONSTRUIRE

Il y a quelques jours, en Italie, j’entre dans une pharmacie et demande à tout hasard s’ils ont de l’insuline Tresiba*. Elle existe ici, oui, ils peuvent la commander. Le prix? 144,90€ les 5 stylos. Oups. Je me rends dans une autre officine, idem, reviens à la première, qui avait l’air sympa, et commande une boite**. L’après-midi je la récupère, 135€ : le patron, pris de pitié devant mes airs effarés, m’a fait spontanément une remise. J’en profite pour lui demander le tarif de la Lantus : 77€, 40% moins cher qu’en France. La Novorapid, elle, est à 35€.

Retour à Paris. Pas de Tresiba dans la base de données de la pharmacie. Toujours pas de FreeStyle Libre non plus, qui a pourtant l’agrément CE*** depuis un an et demi, est préremboursé par les mutuelles en Allemagne depuis un an… En revanche l’Apidra, cette nouvelle insuline rapide made in Sanofi, qui semble agir (et s’arrêter, ce qui n’est pas forcément top…) plus vite, est bien en vente. A 35€ elle n’est pas plus chère que les autres.

De 35 à 144€, que de disparités, et c’est encore pire aux États-Unis où la boite de Lantus grimpe à 400$. Mais pourquoi s’en faire puisque « tout est gratuit », comme le serinent les diabétiques-modèles de l’AFD? Gratuit, vraiment? Cette année, en regardant de plus près la feuille Sacem, qui récapitule les droits d’auteur qui m’ont été versés, j’ai remarqué que plus de 25% de ce que j’avais gagné avait été prélevé par l’Assurance-maladie, sans compter la complémentaire obligatoire qui ne me rembourse rien.

Maintenant que j’utilise le FreeStyle Libre je n’ai même plus les bandelettes à déduire. Bref, même à 100%, je ne coûte pas cher à la Sécurité sociale, pourtant en bien mauvaise santé (la Sécu). N’ayant plus que les aiguilles et l’insuline rapide à sa charge, cela représente, avec les consultations chez le médecin, moins de 1000€ par an pour la collectivité. Pas trop mal, après 41 ans de diabète insulinodépendant.

L’insuline et le diabète concentrent le pire des deux mondes : capitalisme sans concurrence ; étatisme au service d’intérêts particuliers ; invocation des grands principes (comme le fameux « programme du Conseil National de la Résistance », qui n’a jamais existé) et dévoiement de ceux-ci. Un des freins à toute entrée d’acteurs nouveaux sur le marché, ce sont les procédures de remboursement, on le voit avec les atermoiements autour du FreeStyle Libre. Et si on abordait les choses différemment? Fabriquer des produits de base (une insuline lente vraiment lente et une rapide vraiment rapide, une pompe, un lecteur et un patch), stables, sans marketing et sans pub, pas chers, vendus au même tarif à Asmara et à New York. Le prix unique de l’insuline et des autres consommables éviterait bien des morts dans les pays où ces traitements restent hors de portée, et la baisse des profits pour les industriels serait même atténuée par l’augmentation de leur volume d’affaires et la diminution de leurs dépenses de communication. Si les grandes marques comme Apple ou Chanel s’acharnent à unifier leurs prix dans le monde, pourquoi ne le ferait-on pas pour l’insuline, en commençant par l’Europe, où les tarifs et la prise en charge varient considérablement d’un pays à l’autre?

(*) : Après 12 ans de Lantus, lassé de son instabilité, et peu rassuré sur ses effets à long terme, j’avais envie de changer. L’an dernier, sur les conseils de mon ami Bernard Le Lann, DT1, qui avait lui aussi fini par prendre en grippe la Lantus (il est décédé il y a un mois d’une tumeur au pancréas…), j’étais revenu à des insulines d’une structure plus rustique : Humalog 50 aux repas et Humalog 100 pour les rappels. mais l’Humalog 50 n’est pas assez lente pour le métabolisme, et l’Humalog rapide pas assez rapide (dans mon cas). D’où mon intérêt pour la Tresiba, à la durée d’action trois fois plus étendue que la Lantus.
(**) : Je ne fume pas, ne bois pas, ne vais jamais dans les musées ou au théâtre, chacun son truc, chez moi maintenant le budget loisirs passe en insuline et en patchs.
(***) : Ce qui signifie que le produit peut être vendu dans l’Union Européenne, même s’il n’est pas remboursé.

DIALOGUE DE SOURDS

Ça y est. Après des mois de relances, jusqu’au siège du groupe au Danemark, Novo-Nordisk a daigné répondre (sous forme d’absence de réponse) à nos demandes d’information concernant l’insuline Tresiba. On n’est pas loin du 22 à Asnières, de Fernand Raynaud, ou du Train pour Pau, le sketch kafkaïen de Chevalier et Laspales, le « dialogue apaisé, collectif et constructif » attendra : les robots sont parmi nous. Une telle opacité serait-elle possible dans un marché ouvert?

Photo de Diabétiquement vôtre.
Photo de Diabétiquement vôtre.

 

SANOFI LA LOSE

La Lettre A, toujours magnifiquement informée, nous apprend que la division diabète de Sanofi est à la redresse : chiffre d’affaires en baisse de 6,8% (7,5 milliards € tout de même), Lantus dans le domaine public, remplaçante Toujeo qui patine, insuline à inhaler Afrezza abandonnée faute de prescriptions outre-atlantique*.

L’Areva du diabète est plus prompt à sanctionner les mauvais résultats financiers que les effets dévastateurs de sa Dépakine sur les femmesenceintes : la vice-présidente exécutive du pôle diabète a été débarquée du Comité Exécutif le 23 mai.

Les départs et les nominations au comex de Sanofi annoncés le 23 mai par Olivier Brandicourt, DG du groupe, entraînent quelques ajustements au niveau du management du pôle Diabète et cardiovasculaire (DCV), une des cinq entités industrielles mises en place l’été(…)
LALETTREA.FR

INSULINE : L’ENTENTE CORDIALE

Novo et Sanofi se tiennent à la culotte sur leurs tarifs : quand une insuline augmente, sa concurrente aussi.

L’opération est indétectable en France puisque leur seul client est l’Assurance Maladie (et les diabétiques hors du système de santé, à qui ça coûte un bras). Aux États-Unis c’est une autre affaire, comme le montre cette étude de Bloomberg.
Comment expliquer, ici, que l’Abasaglar, le biosimilaire de la Lantus fabriqué en Alsace par Lilly, soit presque aussi cher que l’original, alors que le coût des recherches est toujours invoqué pour justifier le prix élevé de ce médicament?

On May 30 last year, the price for a vial of the blockbuster diabetes medication Lantus went up by 16.1 percent. On the next day, Lantus’s direct competitor, Levemir, also registered a price increase — of 16.1 percent.
BLOOMBERG.COM
734 personnes atteintes

 

CHEZ NOVO-NORDISK ON NE PARLE PAS AUX VACHES À LAIT DIABÉTIQUES

Il y a 6 mois, Léonard Vernet, qui dirige l’épatante Fondation Romande pour la Recherche sur le Diabète, m’avait signalé une nouvelle insuline lente, la Tresiba, déjà disponible en Suisse et dans d’autres pays, parfois depuis plusieurs années. D’une durée d’action bien supérieure à ses concurrentes (72 heures), elle permet, avec une injection par jour, de prendre en charge les besoins du métabolisme avec une stabilité accrue.

Heureux de cette bonne nouvelle, je me renseigne auprès de mon médecin et de ma pharmacie. Aucune trace ici, y compris sous son appellation d’origine (insuline degludec). J’écris à Novo, qui la fabrique, pour en savoir plus. Pas de réponse. Je leur réécris plusieurs fois, idem.

J’ai été confronté à la même absence totale de réaction lorsque j’ai cherché à rencontrer des responsables de Sanofi en préparant mon livre. Voulant éviter tout manichéisme et les clichés simplistes sur l’industrie pharmaceutique, je souhaitais comprendre et pouvoir exposer leur vision des choses.

Après les fautes de carre de Servier attaquant Irène Frachon, mettant fin ainsi à l’indifférence suscitée jusque-là par ses déclarations sur le Mediator, tout dialogue semble impossible. On ne parle qu’aux associations de patients agréées, et financées.

C’est très inamical, et insultant à l’égard des diabétiques, dont le malheur fait le bonheur de Novo (et un taux de rentabilité à plus de 30%*) depuis tant d’années. Aucune grande marque, dans aucun domaine, ne se permet de traiter ainsi ses clients. Mais il est vrai que dans le diabète ceux-ci sont captifs, entre les mains de trois entreprises qui se partagent le gâteau, alignent leurs tarifs, y compris sur les produits génériques ou biosimilaires. La grossièreté de Novo-Nordisk, comme celle de Sanofi, est une manifestation mineure de leur abus de position dominante.

Travaillant dans l’industrie du disque, j’ai vu des fusions de majors cassées à Bruxelles pour moins que ça. Faut-il que nous allions devant la Commission européenne?

https://www.tresiba.com

(*) : 30% de rentabilité (20% seulement pour ces gagne-petit de Sanofi), c’est près du triple de ce que promettait Bernard Madoff…

COMPTES D’APOTHICAIRE

Ce qui a du mal à passer, ce n’est pas que les actionnaires de Sanofi surpayent leurs dirigeants (tant pis pour eux). C’est que leurs bénéfices (7,3 milliards d’euros de résultat net l’an dernier, pour 34,5 milliards de chiffre d’affaires) soient réalisés avec l’argent public. Que leurs insulines bénéficient de privilèges et d’avantages tarifaires exorbitants, au détriment des comptes sociaux. Que l’ensemble des diabétologues et associations qui interviennent dans le débat-public ont des liens d’intérêt avec eux.
Qu’ils sont perclus de procédures aux États-Unis pour la nocivité de certains de leurs produits (en France tout va bien grâce à leurs compagnons de route). Qu’ils licencient, échappent à l’impôt grâce à la défiscalisation des oeuvres d’art, tout en bénéficiant des aides de l’État-providence.

http://www.liberation.fr/france/2016/05/04/sanofi-16-millions-qui-ont-du-mal-a-passer_1450653

Le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, lors de la présentation des résultats 2015 au siège du groupe, à Paris, le 9 février 2016

 

2016 - Diabète et Méchant