Diabète et méchant

Tout espérer, ne rien attendre.

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FIERTÉ MAL PLACÉE

Quel est ce « dialogue apaisé, collectif {sic} et constructif » auquel aspirent ces braves gens? Celui qui les met en présence des seuls associations subventionnées, praticiens-conférenciers, média-supports publicitaires, et technocrates du Ministère préparant leur reconversion. Avec les autres, et les vaches à lait diabétiques, on ne discute pas, on ne parle pas, on ne répond pas. Si encore les journaux qui diffusent leurs encarts utilisaient cette manne pour financer des reportages sur la Dépakine ou le poids excessif du diabète sur les dépenses de santé…

Cette absence de réaction de ceux qui vivent du diabète, et d’autres maladies chroniques, dès que ceux qui en souffrent leur posent la moindre question* a une explication : ils n’ont pas grand chose à dire, on le voit ici avec le pauvre argumentaire de leur porte-parole. Nous avons besoin des industriels, nous avons besoin qu’ils nous écoutent mais aussi de les comprendre, ce sont eux qui refusent le dialogue, avec une grossièreté et une violence qui tranchent avec leur discours angélique.

(*) : voilà 6 mois que nous demandons à Novo quand ils pensent sortir en France la Tresiba, ils ne répondent toujours pas. Cette latence est très supérieure à la durée d’action de leur insuline.

‪#‎diabète‬ ‪#‎DT1‬ ‪#‎MédecinsDuMonde‬ ‪#‎Sanofi‬ ‪#‎NovoNordisk‬ ‪#‎Dépakine‬‪#‎Apesac‬ ‪#‎AFD‬ ‪#‎AJD‬

Bonjour Comment tout faire pour ne pas se comprendre. Depuis quelques mois, les attaques…
JEANYVESNAU.COM

 

LES VRAIES BONNES NOUVELLES (8)

http://healthline.website/diabetic-stem-cells-were-just-transformed-into-insulin-producing-cells/

Des chercheurs de St Louis et Harvard ont produit des cellules sécrétant de l’insuline, par l’utilisation de cellules souches sur des patients atteints de diabète de type 1. Leur méthode va être soumise à des tests supplémentaires, elle devrait être prête d’ici trois à cinq ans, sous forme d’implant sous la peau.

 

Researchers have produced insulin-secreting cells by using stem cells from diabetes patients. The procedure will be undergoing further tests and should be…
HEALTHLINE.WEBSITE

 

LA POSITIVE ATTITUDE

Il nous est parfois reproché, ici ou sur diabeteetmechant.org, de véhiculer une mauvaise image du diabète. Ce n’est pas du tout notre intention, bien au contraire, puisque nous entendons nous émanciper des préjugés, des poncifs et de l’infantilisation. Il y a du pain sur la planche, comme le montre cet article du Huffington Post, bien en phase avec le confusionnisme des associations prébendières.

 

SANTÉ – Dans la famille de Jackie, le diabète a fait carton plein. Sa mère est décédée des complications d’une amputation liée à son diab&egrave
HUFFINGTONPOST.FR

 

Sport et diabète

De la difficulté de concilier épreuve sportive et DT1

cheval008

A l’apparition de mon diabète – j’avais 14 ans – j’ai bénéficié d’un grand privilège au collège ; on m’a exemptée d’éducation physique… récompense accordée par mon prof, celui-là même qui, quelques semaines auparavant, m’invectivait « Clara, tu te fiches du monde, tu demandes à aller aux toilettes toutes les 10 minutes pour échapper aux exercices, tu te dis trop fatiguée pour faire trois tours de cours en trottinant, et arrête ce stupide régime amaigrissant, tu n’en as pas besoin. Ça suffit ta comédie ! »

Prudent, il n’avait guère envie d’être responsable des futures hypoglycémies dont je le menaçais dorénavant.

J’ai néanmoins continué ce que j’aimais le plus… l’équitation. En réalité, c’est plus l’animal que le sport qui me plaisait.

Des années plus tard, j’ai intégré un club ou l’on pratiquait – entre autres – l’équitation en amazone. Que des filles sympas, un petit groupe soudé. Contrairement à ce que l’on peut imaginer, ce ne sont pas que de belles tenues élégantes portées par des Dames d’un autre temps ; c’est une discipline à part entière qui demande technique, équilibre, maîtrise, et réelles capacités physiques.

Puis j’ai concrétisé mon projet, et fait l’acquisition d’un beau jeune cheval, idéal pour cette pratique, car large de dos, aux allures très souples et confortables.
Je l’ai dressé moi même, sans trop de difficultés, car outre ses 900 kilos de muscles, il se montrait d’une gentillesse extrême et me passait toutes mes erreurs.
Puis après quelques années de loisirs avec lui, j’ai eu cette idée stupide de me lancer un défi ; celui de participer à une compétition annuelle internationale d’épreuves en amazone.

Évidemment , comme c’est assez confidentiel, il n’y a pas pléthore de participantes. Mais quand même… !

Je commence l’entraînement à la maison, gentiment. Mon facétieux diabète ne vient pas trop me perturber, car je fais des pauses, ne me mets pas la pression, je vais à mon rythme. Je manque de souffle, je fatigue vite, je ne m’écoute pas trop, mais ça va, et nous progressons tous deux.

Le grand jour arrive. Tôt le matin le départ est difficile ; je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, et il faut faire monter le bestiau dans son van, ce qui, selon son humeur peut prendre de cinq minutes à plusieurs heures. Il sent bien ma fébrilité et en profite un peu, mais le voilà dans sa boite. J’ai 250 kilomètres à faire seule (ce qui est très déraisonnable, diabétique ou pas) au volant d’un attelage d’une dizaine de mètres ; break plus van et tractant donc un poids de 1600 kilos. La moindre faute au volant, coup de frein brusque, embardée, peut avoir des conséquences dramatiques.

La fatigue et le stress ont un retentissement immédiat sur ma glycémie un peu haute avant le départ… tant pis, je ne fais pas de bolus, je ne veux pas risquer l’hypo sur l’autoroute. Le voyage est éprouvant, ma concentration est extrême, et je suis très tendue.

Enfin arrivée sur place, comme souvent lors de ce genre d’événement, parking improbable, mon box n’est pas prêt, le cheval trempé de sueur est surexcité par l’agitation, quant à moi, je recherche désespérément un peu d’aide pour gérer tout ça.

C’est déjà l’heure du déjeuner. Je sais que je ne vais rien pouvoir avaler ; si je mange à midi, je suis certaine d’être prise d’une irrépressible envie de dormir après, et ce n’est pas le jour ! D’autant que je n’ai vraiment pas faim quand je vois les sempiternels horribles sandwiches mous ou Hot dog frites proposés aux participantes. De toutes façons, mon estomac est noué.

Et comment va ma glycémie, au fait ? Ben elle est bien montée ! Soyons sérieuse … Je dois commencer la détente dans une heure, et je passerai une heure plus tard soit vers 14h.

Je décide de me faire une petite injection de 4 unités pour passer mes 2.50 à environ 1.30

Mais… ne mangeant rien, si je descends à 1.30, je risque quand même le malaise dans deux heures lors de mon passage ? Allez, 3 unités ça devrait suffire.
Préparer le cheval, robe luisante, sabots graissés, matériel, harnachement impeccable (eh oui, on est aussi jugé là dessus) il s’énerve, moi aussi… m’habiller, la jupe traîne par terre et ramasse tout, il marche dessus, je transpire, mon chapeau me fait mal à la tête. La chaleur, le bruit, la fatigue. On m’aide à me hisser sur mon destrier, et me voilà sur le paddock pour la détente, puis l’échauffement et la répétition de ma future reprise de dressage.

Au bout d’un quart d’heure, ma vue commence à se troubler un peu. Je suis tout à coup littéralement trempée. Je ressens une faim intense, et je ne comprends plus un traître mot de ce que l’on me dit. On me crie que je gêne les autres, que mon cheval est à la mauvaise main, que je dois attendre avant de traverser la carrière… rien n’y fait, je ne suis plus là !

Les trois unités étaient encore de trop ! La main tremblante, je fouille fébrilement la poche de ma veste et avale sans réfléchir les cinq sucres qui étaient destinés à récompenser les prouesses de mon cher animal. Puis enfin, je descends de ma monture, ou plus exactement me laisse lamentablement choir à terre.

Je trouve enfin mon lecteur. Je veux savoir si je dois continuer à me resucrer. Peut être dois-je attendre que les sucres fassent leur effet ? Mais je suis trop mal. L’instrument m’échappe des mains et atterrit dans le crottin. Maculé de matière fraîche et fumante, il m’indique néanmoins un résultat édifiant, je suis encore assez basse : 0.60

Je suis vidée, toujours cette faim qui me tenaille, et ma glycémie qui semble ne pas vouloir remonter. On me propose une part de tarte … la cerise sur le chapeau, et hop sans réfléchir, je suis tellement mal, je la boulotte compulsivement. Erreur fatale…

Il y a du retard, et je vais dérouler ma reprise avec une heure de décalage, donc vers 15h. Je récupère lentement, mais la chaleur se fait plus intense, cela énerve le cheval dont la transpiration attire maintenant quantité de taons. J’ai oublié son insecticide… quelques personnes me proposent gentiment leur aide et s’étonnent que je sois venue seule. Je ne veux pas dire que je suis diabétique, c’est inutile, puis on ne comprendra pas que je vienne de dévorer cette pâtisserie si goulûment !

Si je vous fait partager tous ces petits détails, au demeurant distrayants – a posteriori – c’est surtout parce que pour nous, chaque contrariété prend des proportions énormes, et se traduit par de fortes variations glycémiques. Être diabétique T1 sur un parcours de golf, c’est sans doute plus relax !

Ah, ça y est. J’ai enfin l’impression d’aller mieux. Les épreuves démarrent, mais mon tour n’est pas encore venu. L’impatience commence à accentuer mon stress, car je sais que je dois reprendre la route à l’issue des festivités, mais que je n’ai pas le droit de partir avant la remise des prix… des fois que je sois classée ! J’imagine déjà le retour de nuit, trois heures et demie de route, sans avoir dîné.

C’est curieux, j’ai un peu soif, mais pas une soif normale, comme tout un chacun, non une soif que seuls vous et moi identifions. J’occulte. Puis, une espèce de fatigue et d’engourdissement commencent à me gagner. Je me hisse sur ma selle. Je sais très bien ce qui m’arrive ; la chute brutale de la glycémie suivie d’une remontée rapide très très excessive. Tant pis, même si je me pique à travers ma jupe, c’est trop tard, l’insuline n’agira pas assez vite, et j’entends mon nom qu’on appelle pour rentrer sur le terrain.

Je salue les juges et fige sur mon visage un sourire crispé. Je sais déjà que c’est fichu ; mon corps est engourdi, mais en même temps, mes muscles se tétanisent. Ma bouche est devenue très pâteuse, avec ce goût si particulier … mais comment ai-je pu aussi rapidement me retrouver dans cet état ? Cette accumulation de fatigue et ce coup de stress je suppose. J’ai très soif évidemment, mais ce n’est pas le pire. Puis ce genre d’épreuve se déroule sur une dizaine de minutes maximum, je devrais pouvoir tenir.

Non, le pire c’est que je croyais qu’il n’y avait que l’hypo pour nous faire perdre le fil de nos pensées et nous rendre un peu incohérents. Eh bien, compagnons d’infortune, sachez que l’hyper est capable de faire aussi bien, chez moi en tous cas ! Ce qui reste quand même très surprenant, c’est que je ressens tous les symptômes de la cétose aiguë, alors qu’en temps normal, ils apparaissent après plusieurs jours d’hyperglycémies.

Je ne me souviens plus du tout du déroulé de ma reprise de dressage. Quand dois-je prendre le trot, avant ou après la volte ? La diagonale, dois-je la prendre à main droite ou gauche ? Et mon départ au galop, sur la longueur ? Et sur quel pied ? Tout est extrêmement confus.

Bon, je ne vais me fixer qu’un seul but : ne surtout pas tomber. Je me fiche d’être ridicule, mais je sais qu’une chute dans mon état physique peut ne pas pardonner, car je n’aurai pas les réflexes pour une réception sans trop de dommages. Mon corps et mon mental doivent absolument lâcher prise… ne me restera plus qu’a bien serrer les cuisses autour des fourches de ma selle (sur une selle d’amazone, le quartier gauche est constitué de deux espèces de supports, appelés les fourches ; sur l’un repose la jambe droite, et sous le second, la jambe gauche, chaussée dans l’étrier, vient se caler).

Mes forces et ma volonté m’abandonnent et je ne maîtrise plus rien si ce n’est plus ou moins mon équilibre sur la selle. Je ressens alors toute la puissance incontrôlable des 900 kilos de viande vivante sur lesquels je suis assise. Je lui laisse le loisir, « la bride sur le cou », de donner libre court à sa créativité et lui permets de déployer toute son énergie à faire n’importe quoi ; il s’exécute avec brio !

C’est enfin terminé… Je me classe bonne dernière, mais mon orgueil n’en a cure tellement je suis heureuse de ne pas m’être rompu la colonne vertébrale !

A l’issue de ma démonstration, je mesure ma glycémie qui en effet dépasse les 4 grammes.

Je me vois toutefois gratifiée, pour ma participation plus que pour ma prouesse, d’une très ordinaire bouteille de vin de Loire. Je vais au moins pouvoir étancher ma soif.

Le diabète n’entravera jamais la création sous toutes ses formes, mais il nous rappelle en permanence combien on se doit de rester humble et lucide, et que mettre son organisme à l’épreuve par défis et vanité peut se payer cher. Toutes nos capacités, physiques comme mentales sont intimement liées à la quantité de sucre qui circule dans notre sang.

Désormais, l’ex-belle, la bête et le diabète se promènent paisiblement à travers bois et champs, et c’est bien suffisant !

Ami diabétique, Carpe Diem, memento mori.

Clara Malnati Chamberlain
Née en 1967, D type 1 depuis 1981. Poitou-Charentes.

SANOFI LA LOSE

La Lettre A, toujours magnifiquement informée, nous apprend que la division diabète de Sanofi est à la redresse : chiffre d’affaires en baisse de 6,8% (7,5 milliards € tout de même), Lantus dans le domaine public, remplaçante Toujeo qui patine, insuline à inhaler Afrezza abandonnée faute de prescriptions outre-atlantique*.

L’Areva du diabète est plus prompt à sanctionner les mauvais résultats financiers que les effets dévastateurs de sa Dépakine sur les femmesenceintes : la vice-présidente exécutive du pôle diabète a été débarquée du Comité Exécutif le 23 mai.

Les départs et les nominations au comex de Sanofi annoncés le 23 mai par Olivier Brandicourt, DG du groupe, entraînent quelques ajustements au niveau du management du pôle Diabète et cardiovasculaire (DCV), une des cinq entités industrielles mises en place l’été(…)
LALETTREA.FR

LES 5 PLAIES (DIABÉTIQUES) DE SYRIE

Elizabeth Rowley, qui se bat pour l’accès à l’insuline avec son associationT1International, vient de publier ce témoignage. Les 5 plaies du traitement du diabète en Syrie :

1 Le manque de soins
2 Le manque d’insuline
3 Le prix et la rareté des bandelettes
4 Les insulines expirées, ayant tourné, ou défectueuses
5 L’absence de tests des corps cétoniques

 

https://beyondtype1.org/the-5-worst-realities-for-type-1-care-in-syria
Mouhammad’s younger brother faces many obstacles, but he’s one of the lucky ones. Here are the 5 worst realities of Type 1 care in Syria.
BEYONDTYPE1.ORG

 

L’INSULINE VA ENCORE RESTER BÊTE UN MOMENT

Insuline "historique"

L’insuline intelligente : une hormone qu’on injecterait et qui se calerait automatiquement sur nos besoins. C’est une des pistes explorées par l’industrie pharmaceutique (le modèle économique est le même que celui de l’insuline « pas intelligente »), et c’est une des plus intéressantes pour nous à moyen terme : si elle ne guérit pas le diabète, elle en limiterait considérablement les méfaits.

Mais on n’est pas rendus, comme le montre la synthèse très complète publiée par diaTribe® dont voici la traduction française ci-dessous.

http://diatribe.org/getting-glucose-responsive-insulin-how-smart-will-it-be

Vers l’insuline gluco-sensible – Sera-t-elle vraiment si « intelligente » que ça ?

20/05/2016
Emily Regier, Alexander Wolf et Kelly Close
Traduit par Frédérique Georges-Pichot

Un atelier organisé par la JDRF et le Helmsley Charitable Trust clarifie ce que l’on peut attendre de l’insuline gluco-sensible.

Notre équipe vient d’assister à l’atelier sur l’insuline gluco-sensible (Glucose Responsive Insulin, GRI) organisé à New York par la JDRF et le Helmsley Charitable Trust. Cet événement hautement interactif réunissait des universitaires, des chercheurs, des industriels, des financeurs et des représentants des patients, dont Kelly Close pour diaTribe, afin de dresser l’état des lieux des recherches en cours sur l’insuline gluco-sensible (également connue sous le nom d’insuline « intelligente »). En théorie, cette insuline de nouvelle génération devrait agir automatiquement en fonction du taux de glucose dans le sang : si le taux de sucre augmente, l’insuline agit plus (ou est libérée en plus grande quantité) et, à l’inverse, si le taux de sucre diminue, l’insuline agit moins (ou est libérée en moins grande quantité).

Le scénario à long terme le plus favorable, conduisant à l’insuline intelligente « parfaite », est très attrayant pour les diabétiques traités à l’insuline : une injection par jour, un taux de glucose sanguin qui reste dans l’objectif sans aucune hypoglycémie, plus besoin de compter les glucides ni d’estimer les doses d’insuline correspondantes, plus d’angoisses liées au traitement, en résumé, bien plus de sécurité et bien moins de stress. Mais, en réalité, comme les leaders du domaine l’ont souligné lors de l’atelier, l’insuline gluco-sensible n’en est qu’à ses tout débuts et sa mise au point se fera sans doute par étapes : les premières de ces insulines offriront probablement certains des bénéfices espérés, mais pas tous.

Sujets abordés durant l’atelier

En quoi consistera l’insuline intelligente « parfaite » ? Comment les produits de première génération se situeront-ils par rapport à ce « Graal » ?

Les intervenants se sont accordés à dire qu’une insuline gluco-sensible parfaite pouvait constituer à terme une véritable révolution pour les diabétiques. Dans son discours d’ouverture de la rencontre, le Docteur Sanjoy Dutta (JDRF, New York) a souligné que, si ces recherches aboutissaient, cela réduirait la complexité, le fardeau, le caractère invasif et la dangerosité du diabète de type 1 (et, plus largement, du diabète de type 2 insulino-traité). Il a livré sa description de l’insuline gluco-sensible idéale : un traitement pris une fois par jour, permettant d’administrer la bonne quantité d’insuline au bon moment et au bon endroit, de manière à maintenir le taux de sucre dans le sang dans l’objectif avec des risques d’hypoglycémie minimes voire nuls. Extraordinaire, non ?

Toutefois, les discussions ont porté essentiellement non sur l’insuline gluco-sensible « idéale », mais sur les produits de première génération et sur les attentes que l’on pouvait raisonnablement nourrir à leur sujet. Si tous les participants sont tombés d’accord pour dire que l’insuline gluco-sensible de première génération constituerait une avancée significative en attendant le développement du produit idéal, il y a eu quelques divergences d’opinion sur ce en quoi le premier produit devrait consister exactement. Le Dr Dutta a partagé la liste provisionnelle dressée par la JDRF des caractéristiques attendues, d’une part, de l’insuline gluco-sensible « idéale », d’autre part, de l’insuline gluco-sensible « de première génération », tout en insistant sur le fait que cette liste n’était aucunement définitive :

Insuline gluco-sensible de première génération Insuline gluco-sensible idéale
Aide à gérer les repas mais ne remplace peut-être pas l’insuline basale Remplace toutes les autres insulines
Une ou deux injections par jour Une injection par jour
2 ou 3 contrôles de glycémie par jour 1 contrôle de glycémie par jour, voire 0
Réduction du taux d’HbA1c de 0,5%, efficacité comparable à celle des insulines actuelles Réduction du taux d’HbA1c d’environ 0,7%, efficacité supérieure à celle des insulines actuelles
Glycémie dans la fourchette 70-130 mg/dl environ 60% du temps. Selon certains, ce scénario serait trop optimiste et il faudrait retenir un objectif de 80% du temps passé dans la fourchette 90-150 mg/dl, plus sûr et plus réaliste. Glycémie dans la fourchette 70-130 mg/dl environ 80% du temps
1 hypoglycémie par semaine, voire 0. Les participants se sont accordés à dire qu’il fallait préciser ce qu’on entendait par « hypoglycémie » et ont avancé le chiffre de moins de 5 hypoglycémies légères par semaine comme plus adéquat. 1 hypoglycémie par mois, voire 0
Prise de poids de 0,5 kg, du même ordre qu’avec les insulines actuelles Prise de poids négligeable
Réduction du stress lié à la gestion du diabète Réduction du stress lié à la gestion du diabète
Aucune complication liée à l’utilisation prolongée du produit Aucune complication liée à l’utilisation prolongée du produit

Durant l’atelier, d’autres idées ont été mises en avant pour le développement des insulines gluco-sensibles de première génération, notamment : (i) combiner deux insulines différentes, l’une pour les taux de glucose bas, l’autre pour les taux de glucose élevés ; (ii) développer jusqu’à 5 produits ciblant différentes populations (sportifs, femmes enceintes, personnes ne ressentant plus les hypoglycémies…) ; (iii) développer un produit ne s’adressant qu’aux diabétiques de type 2 ; (iv) ajouter une insuline gluco-sensible post-prandiale en complément de l’insuline basale existante ; (v) ajouter une insuline basale gluco-sensible en complément de l’insuline basale existante.

Comment gérer les attentes des patients ?

Dans son exposé, Kelly Close, de la fondation diaTribe, a souligné le fait que l’insuline gluco-sensible fait naître de grands espoirs et qu’en conséquence les industriels et les chercheurs doivent veiller à ce que les attentes créées chez les diabétiques soient réalistes, tout en se préoccupant de l’accès à l’insuline gluco-sensible. Ces points sont très importants pour éviter que les produits de première génération ne suscitent la déception, alors même qu’ils pourraient apporter des améliorations par rapport aux insulines actuelles malgré leurs imperfections (ex. : insuline gluco-sensible ne couvrant que les repas ou requérant deux injections par jour). Kelly Close a présenté les données d’une enquête conduite par la société d’étude de marché spécialisée dans le diabète dQ&A (contactez dQ&A ici pour savoir comment rejoindre leur panel de patients), enquête qui montre que seulement 46% des patients sont « très satisfaits » des insulines actuelles, alors même que l’insuline existe depuis près de 100 ans !

Au vu de ce niveau de satisfaction relativement bas, beaucoup sont enthousiastes à l’idée d’une insuline intelligente et certains diabétiques l’assimilent même à une guérison. Ceux qui travaillent sur l’insuline gluco-sensible doivent donc communiquer clairement sur les étapes du chemin vers l’insuline intelligente « idéale » et sur ce que feront réellement les produits de première génération.

Qui aura accès à l’insuline intelligente ?

« Voulons-nous d’un nouveau médicament contre le diabète… que seuls quelques-uns peuvent s’offrir ? » : telle a été la question posée par le Dr Irl Hirsch, qui a soulevé dans sa présentation le problème de l’accès à l’insuline gluco-sensible. Le Dr Hirsch s’est demandé si le développement de solutions innovantes telles que l’insuline gluco-sensible devait être considéré comme une priorité, alors que des millions de personnes aux Etats-Unis et dans le monde n’ont même pas les moyens de se procurer les insulines conventionnelles. Sa conclusion a été qu’il valait la peine de poursuivre les recherches sur l’insuline gluco-sensible, à condition de s’employer à démontrer une réduction des coûts à court et à long terme (ex. : diminution du nombre d’hypoglycémies sévères). En effet, même si des insulines innovantes sont mises au point et autorisées, les patients n’y auront accès que si les organismes payeurs les financent.

Qui travaille sur l’insuline intelligente ?

Le Dr Matthew Tremblay (Calibr, La Jolla, Californie) a présenté un panorama des entreprises et des équipes de chercheurs qui tentent de développer des insulines gluco-sensibles : plus de 11 groupes travaillent actuellement sur des projets d’insuline intelligente. Tous ces projets sont à un stade très précoce : l’un d’eux (l’insuline MK-2640 de Merck) en est aux essais cliniques de phase 1, tandis que tous les autres font encore l’objet de tests sur l’animal. Les différentes équipes ont une grande diversité d’approches, allant du développement d’un patch à insuline intelligent (University of North Carolina/North Carolina State University) à celui de nanoparticules gluco-sensibles (Monash University). Les trois principaux fabricants d’insuline – Sanofi, Lilly et Novo Nordisk – travaillent également sur l’insuline intelligente et récemment, en février 2016, Lilly a acheté la technologie d’une start-up, Glycostasis. Nous saluons la JRDF, Sanofi et le programme Pathways de l’American Diabetes Association pour leur soutien financier à beaucoup de ces projets (en savoir plus sur le partenariat entre la JDRF et Sanofi visant à encourager le développement de l’insuline intelligente et sur le programme Pathways de l’American Diabetes Association).

« INDICIBLEMENT MERVEILLEUX »

Ce sont les mots d’Elizabeth Hugues lorsqu’elle fut une des premières diabétiques sauvées par l’insuline. C’est aussi l’aventure humaine de cette invention, tumultueuse, que se proposent de montrer au cinéma les initiateurs de ce projet. Ils veulent utiliser l’argent récolté pour payer un directeur de casting qui fera lire leur scénario à des acteurs connus, donc c’est pas gagné, le Diabeloop sera peut être sorti avant leur film (non, ça c’est impossible). Espérons qu’ils parviendront à leurs fins sans le financement des industriels, qui ont déjà lobotomisé quelques documentaristes, car l’angle et le synopsis sont excellents.

 

http://www.unspeakablywonderful.com

Unspeakably Wonderful: a film about two men who hated each other but made one of the greatest medical discoveries of our age: insulin
KICKSTARTER.COM

 

INSULINE : L’ENTENTE CORDIALE

Novo et Sanofi se tiennent à la culotte sur leurs tarifs : quand une insuline augmente, sa concurrente aussi.

L’opération est indétectable en France puisque leur seul client est l’Assurance Maladie (et les diabétiques hors du système de santé, à qui ça coûte un bras). Aux États-Unis c’est une autre affaire, comme le montre cette étude de Bloomberg.
Comment expliquer, ici, que l’Abasaglar, le biosimilaire de la Lantus fabriqué en Alsace par Lilly, soit presque aussi cher que l’original, alors que le coût des recherches est toujours invoqué pour justifier le prix élevé de ce médicament?

On May 30 last year, the price for a vial of the blockbuster diabetes medication Lantus went up by 16.1 percent. On the next day, Lantus’s direct competitor, Levemir, also registered a price increase — of 16.1 percent.
BLOOMBERG.COM
734 personnes atteintes

 

AU VENEZUELA À SEC D’INSULINE, LES DIABÉTIQUES MEURENT

La fine équipe Bolivarienne de Chavez et Maduro, tant prisée en France, est parvenue à dévaster un pays richissime (il dispose des plus grandes réserves pétrolières au monde), au profit de sa nomenklatura. Si toute la population déguste, les diabétiques sont aux premières loges. Allô Jean-Luc, Marine, ¿hay alguien?

Lire aussi, pour les hispanophones :
http://www.eltiempo.com/…/crisis-de-venezuela-rela…/16612599

Ainsi que ce reportage accablant, dans Le Point de cette semaine (la chute des prix du pétrole, invoquée par Libé, a bons dos) :
http://www.lepoint.fr/…/venezuela-suicide-mode-d-emploi-06-…

Manque de médicaments, matériel sans arrêt en panne… Le système de soins est à bout et le gouvernement, plombé par la chute des prix du pétrole, n’agit pas.
LIBERATION.FR

 

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2016 - Diabète et Méchant