Bizarre cette métaphore guerrière. Elle ne me plaît pas. Je n’ai jamais connu la guerre, et il me semble que les conditions de vie y sont bien plus dures que ce que l’on vit ici.
Pourtant la guerre est partout en médecine. « La guerre est déclarée » affirme le film de Valérie Donzelli. « Je vais me battre contre la maladie » entend-t-on souvent. L’annonce diagnostique est une déclaration de guerre, chaque traitement une bataille… Et les effets secondaires des victimes collatérales ? « Le diabète est une lutte quotidienne… »
La première vague de Covid a pu être vécue comme une guerre.
La seconde arrive… Et la métaphore fonctionne encore.
Première guerre mondiale… Une certaine euphorie accompagne les soldats qui partent au front, fleur au fusil. Puis cette guerre devient une guerre statique, dan
Drôle d’armistice.
Les cas sont devenus plus rares, les autres pathologies ont repris leur place dans nos agendas.
Après la pression, la dépression.
On sent une lassitude. La routine de porter un masque, la normalité de ne plus s’embrasser, de saluer sans toucher.
Cette pandémie a fait perdre le goût et l’odeur à certains, il a fait perdre le toucher à tous.
Que faudra t’il en penser ? Qu’en retiendrons-nous ? Je suis bien incapable d’avancer la moindre hypothèse.
La médaille (offertes aux soignants ! et offert avec : un pin’s parlant à l’effigie du Préfet Lallement « Ceux qui sont en réanimation sont ceux qui n’ont pas respecté le confinement » youpi) a deux faces. Certaines personnes sont réputées plus fragiles dans nos sociétés. Et nos sociétés ont voulu les protéger, projet louable, mais de fait, les stigmatiser, les exclure, les isoler. En protégeant nos anciens, on les enferme. On invente des parloirs d’EHPAD.
Les bonnes nouvelles devraient arriver. C’est difficile de prédire l’avenir. C’est compliqué aussi de parler de bonnes nouvelles alors que les chiffres de mortalité liés au virus resteront élevés les prochains jours, probablement encore les prochaines semaines. On assistera probablement plus à un plateau qu’à un pic ! J’ai néanmoins l’impression de faire face à moins de nouveaux cas de Covid-19. Nous partageons ce constat avec mes collègues et avec nos secrétaires, véritables sentinelles. Il persiste des épidémies familiales, bien sûr, avec des cas dans les maisons où d’autres cas étaient déjà connus. Effets du confinement.
Lorsque des formes graves se déclarent, les patients sont hospitalisés lors de la
« Le ravi de la crèche est un être sans vice pour qui le mal n’existe pas »
Je ne déteste personne, je n’y arrive pas. Je vous prie de m’en excuser. L’enthousiasme et l’optimisme sont passés de mode !
La métaphore de la guerre est très classique dans nos conversations, toute l’année, en toute circonstance. Elle est désormais patrimoine nationale.
Le Président de la République l’a martelé « nous sommes en guerre ».
Je partage cette idée, même si certains ont défendu de façon très argumentée que cette terminologie était inadéquate. Mais, à part la guerre, quelle situation peut nous conduire à tant modifier nos habitudes, en si peu de temps, de façon si durable ?
C’est aujourd’huisamedi. Nous avons pour le moment conservé le système de garde pour le weekend. Mon collègue est au front ; nous, on se repose. Il est clair que l’on voudrait sauver le monde en deux jours. Il n’en sera rien, la crise s’annonce longue, gardons des forces. De la lucidité aussi ! Le nez dans le guidon, à répéter constamment la même chose, puis rentrer chez soi en écoutant le Pr SALOMON, sur France Info dans la voiture annoncer le décompte funeste… Ce ne sont pas des conditions pour réfléchir, anticiper, construire une stratégie « militaire ». Il ne faut pas tomber dans la routine, dans une forme d’habituation. Il y a peu de temps, on se disait, waouh, il y a peut-être un cas à 100 km de chez nous, aujourd’hui, on annonce chacun à 15 – 20 personnes par jour qu’ils sont probablement atteints.
Après le point quotidien du Directeur Général de la Santé, on fait ses calculs, combien de morts aujourd’hui ?
Personnellement, je compte en Airbus ! L’Italie voit tous les jours 2 à 3 Airbus se crasher ! Vous continuez à prendre l’avion dans ces conditions ? On en est à 1 Airbus moitié vide en France. Ça ne me donne pas plus envie de monter dans l’avion !
Tout a changé ce weekend. Nous avons dû tout réorganiser dans la Maison de Santé où je bosse. Les kinés ne travaillent plus. On a donc réservé leur salle d’attente aux cas douteux, on les examine dans les box des kinés et les patients quittent le cabinet par la porte-fenêtre de derrière, pour limiter les transits.
Si on peut, les cas douteux sont gérés par téléphone, parfois en téléconsultation avec visioconférence (en fait c’est gadget, le téléphone fait mieux !). Ceux qui viennent physiquement ne viennent que l’après-midi. Les matins, on garde une mini activité pour les problèmes médicaux impossibles à décaler.
Les cas arrivent de partout. On est des robots, on entend la même histoire chez tous nos patients, fièvre, courbatures, ça brûle un peu gorge « mais ça va, vous croyez que c’est ça ? », on prescrit toujours pareil : arrêt de travail et Paracetamol. On rappelle les règles « vous n’avez vu personne ? », « ben non, à part mon gendre et ma fille qui viennent toujours le dimanche, et ma petite fille est passée, elle était inquiète »… Où d’autres interactions sociales pourtant interdites !
Mes « compétences » en éducation thérapeutique, relation patient, approche centrée patient, individualisation du traitement, tout est balayé. J’ai rajeuni de 500 ans, je lutte contre la peste, médecine anti-infectieuse, ce qu’elle a toujours été avant l’ère de l’abondance.
Je me sens sale du matin au soir. Contaminé, galeux ! La peau des mains s’use à trop les laver. On rentre voir ses enfants, persuadés qu’ils sont dans le même bateau !
On reçoit des mails glaçants de nos collègues réanimateurs, on ressent ce qu’il se passe, sans être au cœur du volcan. On reçoit mille infos de la journée, demandant des ajustements permanents, des adaptations. On reçoit aussi le protocole, (le process en langue moderne), pour les certificats de décès des Covid +.
Quand tu reçois ce genre de mail, tu comprends que c’est mal engagé ! En parallèle je rappelle le fils d’un vieil homme mort du covid : mise en bière immédiate, pas de soins du corps, pas d’obsèques dignes. Un deuil à l’arrière-goût de peste. Une mort de vieux chien de chenil.
Nouveau concept, l’article à deux voix, issu d’une conversation informelle, donnant lieu à un défi amical !
Corentin signe ce poème à lire en écoutant cela :
Vous pourrez aussi lire d’autres proses sur le blog : http://regimequinemangepasdepain.over-blog.com/
Tous les trois mois c’est la même scène,
On pousse les portes du labo pour se faire sucer la veine.
Nos trois derniers mois défilent dans la tête,
Les apéros, les repas et les sorties à bicyclette.
Si la conduite à tenir paraît simple,
Nos pensées divergent le jour de l’examen.
On espère souvent avoir la mention,
Surtout quand nos journées on fait preuve d’attentions.
Période schizophrénique où on se regarde dans le miroir
En passant de la sous estimité à la culpabilité sans le vouloir.
Les pensées partent dans tous les sens en attendant le verdict
Pour ensuite aller dans ce choix dichotomique.
On repartira alors soulagé ou avec les crocs
En tentant la prochaine fois de décrocher le bon numéro.
Puis ma version, (plus bavarde) que l’on peut lire avec de la musique aussi, mais je vous laisse le choix… Lazarus de Bowie, excellent choix, vous avez bon goût !
Schizophrénie sucrée
Je fus médecin avant d’être malade. Ordonnancier sous la main, je prescris. Des médicaments, des radios, des échos, des scanners, des IRM, des prises de sang, des analyses d’urines. Et un jour j’ai mis mon nom en haut à droite, là où on écrit le nom du patient habituellement.
Je me souviens parfaitement du jour de mon diagnostic de diabète. J’attendais avec impatience mon résultat, qui ne venait pas. Alors j’ai appelé le laboratoire, comme je le fais quasi quotidiennement, pour des patients… La secrétaire reçoit ma demande, laisse un discret silence inhabituel, et me dit « votre dossier n’est pas validé » … et elle me passe alors le biologiste ! J’ai donc quelque chose de grave. Reste à savoir quoi !
Une étude de l’INSERM portant sur des travaux concernant les corps cétoniques vient d’être publiée dans Science Report (impact factor 4,122).
En voici le résumé en traduction automatique :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30679586
« Le butyrate et le R-β-hydroxybutyrate sont deux acides gras à chaîne courte apparentés que l’on trouve naturellement chez les mammifères. Le butyrate, produit par les bactéries butyriques entériques, est présent à des concentrations
La ratatouille, c’est le soleil, l’été, le marché, les pluches de légumes. Éplucher ses légumes c’est de la méditation pleine conscience utile.
Et puis on a chacun sa recette, chacun son truc. La transmission générationnelle et tout et tout. Ça fait un peu reportage de fin de journal télévisé. Mais cela explique cette relation particulière avec le plat.
Et puis la ratatouille, quand on en fait, ça vaut le coup. On en fait une belle quantité. Ça déborde un peu en début de cuisson. Ça ne se fait pas à la va vite pour une seule personne. On invite, on reçoit, puis on la présente, on l’offre. C’est pour moi un symbole de convivialité.
Et alors, pourquoi parler de ce plat hors d’âge ? Quel rapport avec le diabète ?
Il a fallu que je tombe malade pour me rendre compte qu’on demandait aux diabétiques de manger des glucides. Le diabète, cette maladie qui, quoi qu’on dise, correspond à un défaut de régulation du taux de sucre dans le sang, imposerait de manger ce même sucre,
La force d’un congrès réside surtout dans le Off, dans ces échanges informels le long des allées. Bien sûr, les industriels ont compris cela et font de ces échanges une force de frappe en offrant des conditions sympathiques de rencontre : du vélo connecté à un écran qui calcule les calories cramées en faisant l’analogie avec des aliments (vous avez consommé 250 Kcal, soit un pain au chocolat !). C’est amusant, l’aliment n’étant qu’un tas de calories. Ailleurs, on fait des glaces d’un nouveau genre, oh ! encore un vélo qui en pédalant très fort permet de faire un jus de fruits !!! Merveilleux !
Mais les rencontres informelles ont aussi lieu entre professionnels, et c’est heureux. Chacun échange sur ses pratiques, ses conditions, ses impressions sur telle ou telle présentation.
Elles ont lieu aussi entre des professionnels de toute la francophonie. Cette ouverture est à louer. Gageons que les influents français utiliseront leur position pour demander des prix d’insuline raisonnables pour ces pays représentés.
Naturellement les conversations que je mène avec le plus d’entrain le sont avec des diabétiques « réformateurs ». Mais cette ambiance nous stimule et nous sortons une proposition nouvelle toutes les minutes, on est intarissable !
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Notre objectif : répondre aux inexactitudes et aux poncifs sur le diabète, notamment dans ses formes minoritaires et atypiques (type 1, LADA, MODY, etc.), en donnant la parole aux malades, à leurs proches et aux soignants.
Diabète et méchant soutient le projet Open Insulin et représente en France T1International, ONG consacrée à l’accès à l’insuline, et sa campagne #insulin4all.