Diabète et méchant

Tout espérer, ne rien attendre.

Catégorie : Inexactitudes (Page 1 sur 7)

Rapport de la Cour des Comptes « Prévention et prise en charge précoce du diabète » : un rapport attendu, mais une omission scandaleuse !

La publication par la Cour des comptes du rapport « Prévention et prise en charge précoce du diabète » constituait une occasion cruciale de dresser un état des lieux complet de la prise en charge des différentes formes de diabète en France. A Diabète et méchant, en qualité d’association engagée depuis longtemps pour les personnes vivant avec un diabète de type 1 ou d’autres formes (LADA, MODY…), attendions un document précis, structuré et intégrant les réalités propres à cette maladie auto-immune sévère, non évitable, et nécessitant une prise en charge intensive et technologique.

Or, à la lecture attentive du rapport, un constat s’impose : le diabète de type 1 n’est jamais mentionné, pas plus que les autres diabètes minoritaires. Aucune fois.

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Pas une occurrence.
Pas une note de bas de page. Pas un tableau.
Pas un graphe.
Pire, il est occulté.

Cette absence totale interroge autant qu’elle alarme. Comment prétendre évaluer la « prévention » et la « prise en charge précoce du diabète » sans distinguer les deux principales formes de diabète, alors même qu’elles relèvent de mécanismes physiopathologiques radicalement différents, que leurs déterminants ne se recouvrent pas et que leurs besoins de prise en charge n’ont rien de comparable ?

Une invisibilisation scandaleuse et incompréhensible des diabètes auto-immuns

Curieusement, le rapport part d’une réalité épidémiologique générale, ie 3,8 millions de personnes traitées pour un diabète en France, mais n’en distingue que le diabète de type 2, qui représente environ 92 % des cas. En creux, cela signifie que près de 300 000 personnes vivant avec un DT1, un diabète LADA ou Mody disparaissent littéralement de l’analyse.

Pourtant, le diabète de type 1 couvre de nombreux sujets, de nombreuses personnes :

des enfants, des adolescents et des jeunes adultes,
des personnes dépendantes à vie de l’insuline,
des personnes dépendantes d’un suivi nécessitant plusieurs décisions thérapeutiques chaque jour, des personnes exposées à des risques vitaux immédiats (hypoglycémies sévères, acidocétoses), des personnes dépendantes de technologies indispensables (capteurs, pompes, boucles hybrides).

Ne pas mentionner ce diabète, notre diabete de type 1, c’est nier l’existence même de notre pathologie dans le paysage de santé publique, et c’est priver de visibilité les malades de l’une des maladies chroniques les plus exigeantes à gérer au quotidien.

Quant au LADA, il touche de moins jeunes adultes, ou de plus vieux adultes. Pour autant, les soins sont quasiment identiques à ceux du DT1, à ceci près : encore faut-il être bien diagnostiqué.

Une confusion inacceptable entre DT2 et DT1

Le rapport consacre ses recommandations aux leviers comportementaux : activité physique, alimentation, prévention de l’obésité, dépistage précoce des populations à risque. Ces axes, pertinents pour le diabète de type 2, sont dépourvus de sens pour le diabète de type 1.

Le DT1 est :

auto-immun,
non lié aux facteurs de mode de vie, non évitable,
non prédictible.

En prétendant parler du « diabète » sans distinguer les types, le rapport laisse entendre que les mêmes leviers pourraient concerner l’ensemble des patients, ce qui est non seulement scientifiquement inexact, mais aussi et surtout socialement et politiquement très préjudiciable. En effet, cette confusion entretient de longue date une perception erronée des responsabilités, tentant de culpabiliser les personnes DT1, d’invisibiliser leurs besoins, notamment technologiques.

Un rapport plus qu’incomplet sans prise en compte du diabète de type 1 et des autres formes de diabète

La Cour appelle à améliorer le dépistage précoce, l’éducation thérapeutique, la coordination des soins et la prévention. Ces propositions, louables, ne peuvent être appliquées au DT1 sans une analyse spécifique.

Pour le diabète de type 1, les enjeux nationaux sont autres :

accès égal et rapide aux technologies,
structuration des centres spécialisés,
amélioration de la transition pédiatrie–adulte,

soutien psychologique systématique,
investissement dans l’innovation et prise en charge des systèmes automatisés,
garantie d’équité territoriale dans les dispositifs médicaux.
L’absence de ces points et de la reconnaissance des spécificités du DT1 interdit de parler d’un rapport couvrant « le diabète » au sens large.

Conclusion : un appel à produire un rapport dédié au diabète de type 1 et aux autres diabètes minoritaires

Nous saluons le travail de la Cour des comptes sur le diabète de type 2. Mais nous ne pouvons accepter que le diabète de type 1 soit totalement absent d’un document prétendant traiter de la « prévention et de la prise en charge précoce du diabète » en France.

Aussi, nous demandons formellement :

La publication d’un rapport additionnel spécifiquement consacré au diabète de type 1 et aux investissements prévus pour la recherche et le soin.

L’intégration de la dimension technologique comme facteur central de maîtrise des complications et des coûts.

La reconnaissance institutionnelle de la charge mentale et psychologique du DT1.

Ignorer le diabète de type 1, c’est ignorer 300 000 vies, des familles, des enfants, des adolescents et des adultes qui dépendent chaque jour de l’insuline et de la technologie pour vivre.

Nous appelons la Cour des comptes et les pouvoirs publics à combler sans délai ce vide.

ON EN EST (ENCORE) LÀ

Merci à Clémence Fruit de nous avoir signalé cette perle, il y a des cartes de presse et des titres de professeur qui se perdent, cette étude peut concourir au prix Ig Nobel (https://improbable.com).

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L’ART(E) ET LA CRITIQUE

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« Diabète une addition salée », le documentaire d’Arte (réalisé par Benoit Rossel et Dorothée Frénot, produit par Julie Paratian), librement adapté de mon livre, est un des plus gros succès de la chaine depuis sa première diffusion en mars 2021 (https://www.arte.tv/fr/videos/080158-000-A/diabete-une-addition-salee). C’est pourquoi il est régulièrement remis en avant, et a bénéficié cet été d’une nouvelle diffusion à une heure de grande écoute. Il est donc naturel, et même positif, qu’il suscite le débat. Celui-ci est venu d’un site, Science infuse, vous pouvez le consulter ici : https://citizen4science.org/diabete-une-addition-sale-un-film-darte-avec-big-pharma-ostensiblement-dans-le-viseur.

Fabienne Blum, l’auteur de l’article, et la rédaction de citizen4science, à l’origine du site, ne souhaitent pas publier ma réponse, dans laquelle ils voient une « atteinte à l’honneur et à la considération du journaliste et par ricochet de la rédaction » (l’arroseur arrosé, en somme). Je la publie donc ici, avec les observations de Louise Lassale, d’Open Insulin Foundation France (https://fr.openinsulin.org), et la réponse d’Anne Durieux, sans acrimonie et en espérant que nous pourrons instaurer un dialogue constructif avec Fabienne Blum qui, s’il elle a tendance  a pratiquer ce qu’elle dénonce, nous semble néanmoins sincère :

Réponse à Fabienne Blum

J’ai beaucoup apprécié votre texte. D’abord parce qu’il a le mérite d’instaurer un débat, quand nos propos sont encore souvent traités par le silence ou le mépris (il y a beaucoup de points où nous aimerions avoir tort). Ensuite, parce que vous ne parvenez pas à démentir la moindre de nos affirmations, vous vous contentez de procès d’intention, de pinaillages sémantiques. Vous ne réfutez jamais ce qui est dit mais vous nous faites

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LES MASQUES TOMBENT

Le Professeur Grimaldi a consacré sa vie à compliquer l’existence des diabétiques. Mandarin (à la retraite depuis 2009) stipendié (selon la base Transparence Santé du gouvernement), toujours prompt à enguirlander les patients, à exiger obéissance (rebaptisée observance) aveugle, à détourner au profit des nomenklaturistes de la santé les revendications légitimes du personnel des urgences et pousser à la dépense publique, il vient de se surpasser avec cette tribune publiée ce dimanche dans le JDD.

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TEN YEARS AFTER

Il y a dix ans aujourd’hui, je publiais ce texte dans Libération. Il n’a, hélas, pas beaucoup vieilli.

 

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EUROVISION DU DIABÈTE

Après la RTS mercredi dernier, et avant ARTE le 2 mars, la RTBF diffusera ce jeudi le documentaire de Dorothée Frénot et Benoit Rossel librement adapté de mon livre Diabétiquement vôtre.

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LES DIABÉTIQUES PARLENT AUX NON-DIABÉTIQUES

Voici le texte de l’entretien qui vient d’être publié en deux parties sur le site de Causeur :

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Comment les diabétiques, sujets à risque, vivent-ils la crise du Covid-19 ? Quel est leur quotidien ? La recherche a-t-elle progressé ? Que fait l’Etat pour défendre les malades face aux intérêts de Big Pharma ? Chanteur et producteur à la scène, diabétique de type 1 à la ville, Bertrand Burgalat nous livre son point de vue iconoclaste. L’auteur de Diabétiquement vôtre (Calmann-Lévy, 2015) et fondateur de l’association Diabète et méchant a sa piqûre d’insuline dans la poche, certainement pas sa langue.

Daoud Boughezala. Aux côtés de l’âge avancé et de l’obésité, le diabète est présenté comme un facteur de co-morbidité au Covid-19. Autrement dit, un diabétique atteint par le virus aurait plus de chances de développer une forme sévère de la maladie. Diabétique de type 1 depuis votre adolescence, avez-vous changé de quotidien depuis l’irruption de la pandémie ?


Bertrand Burgalat. Quand, dans son discours du 12 mars, le Président de la République a cité « celles et ceux de nos compatriotes qui sont âgés ou affectés par des maladies chroniques comme le diabète, l’obésité ou le cancer », j’aurais pu me réjouir que cette affection si mal comprise soit évoquée, pourtant j’ai été atterré : sa sollicitude, loin de  protéger les plus fragiles, risquait de leur coller une cible dans le dos et de les désigner comme individus à problèmes, à laisser de côté en cas de saturation des services d’urgence. C’est exactement ce qui s’est passé, et c’est ainsi que son message jésuitique a été entendu puisque dès le 17 mars, Anne Geffroy-Wernet, Présidente du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi, a déclaré à La Croix : « Il y a trois types de profils. Ceux dont on sait qu’ils vont mourir, quoi qu’on fasse : ce sont des morts «inévitables ». Ensuite, les patients qui ont déjà des pathologies sévères, qui représentent des morts « acceptables ». Enfin, les morts « inacceptables » : les patients jeunes et sans antécédent. Notre objectif est d’avoir zéro mort inacceptable. » On peut dire que l’objectif a été atteint, la surprotection des personnes les moins exposées comme les enfants allant de concert avec l’abandon des pensionnaires des Ehpad, morts pour la plupart sans aucun soin, après avoir été contaminés par des personnels sous-équipés. S’il y a eu beaucoup de diabétiques de type 2 parmi les victimes, c’est d’abord parce que cette forme de diabète est souvent associée à d’autres facteurs aggravants comme l’hypertension, l’obésité et d’autres pathologies cardiovasculaires.

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LE MAGAZINE DE LA SANTÉ : À QUAND L’ARRÊT DE LA PRODUCTION D’INEXACTITUDES ?

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Voilà des années que nous devons subir les sujets consternants du Magazine de la santé sur le diabète, qui empilent confusions et inexactitudes, et nous devons reconnaitre à ce programme de service public une certaine constance dans la propagation de rumeurs dangereuses, à tel point que chaque sujet sur le diabète tombe sous le coup de la loi du 22 décembre 2018 sur la manipulation de l’information. Ici, hier, la rumeur alarmante, répandue par Gérard Raymond et l’AFD-FFD, d’un arrêt des pompes à insuline,  avec photo de pompe externe, alors que seul un modèle très lourd de pompe implantée sous la peau, diffusant l’insuline par voie intraperitoneale est concerné :

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Pourquoi en parler maintenant alors que l’annonce a été faite il y a longtemps, que 250 patients sont concernés et non les dizaines de milliers d’utilisateurs de pompes à insuline ? L’arrêt de la pompe implantée devrait plutôt nous interroger sur le coût pour la collectivité de ces dispositifs, sur l’impossibilité d’obtenir des informations indépendantes sur leurs avantages et leurs inconvénients et sur le marketing des fabricants et des prestataires.

PERMIS DE CONDUIRE ET DIABÈTE – LE POINT SUR LA RÉFORME DE 2018

Sommaire

  1. Assouplissement partiel des conditions d’obtention du permis de conduire
  2. Qu’apporte la réforme ?
  3. En pratique que faire ?

Assouplissement partiel des conditions d’obtention du permis de conduire

Depuis 2018, l’aptitude à conduire d’un diabétique de type 1 ne dépend plus exclusivement d’un médecin agréé par la préfecture et peut désormais sous conditions être évaluée par un médecin traitant ou un diabétologue. L’avancée est majeure pour celles et ceux qui peuvent s’en prévaloir. Dans ce cas en effet, plus de visite auprès du médecin agréé, plus de limitation de durée à 5 ans du permis, plus de délais ou risque d’aléas administratifs. Et c’est heureux.

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J’ENCADRE UN AGENT DIABÉTIQUE – INTERVENTION DU 14 FÉVRIER 2020 – IRA DE LILLE

Parler de son diabète au travail n’est pas toujours simple et, de leur côté, collègues et encadrants n’ont pas toujours les informations nécessaires pour agir de manière adéquate. Afin de contribuer à améliorer cette situation, je retranscris ci-dessous mon intervention dans le cadre de la journée « Engagement citoyen » tenue à l’Institut Régional d’Administration de Lille le 14 février 2020.

Aujourd’hui, je ne suis pas là pour vous parler seulement en qualité d’attachée, mais aussi en qualité de femme diabétique.

Ce n’est pas forcément facile ou confortable de s’exposer volontairement avec sa carte vitale devant toute une assemblée qu’on recroisera pendant 40 ans dans les joyeux couloirs des administrations d’État, mais ça me semble important.

Pourquoi ?

Parce que toute personne qui est l’heureuse propriétaire d’un handicap qu’on dira « invisible » a pâti un jour ou l’autre de la maladresse, de l’ignorance, et bien sûr parfois de l’indifférence de sa hiérarchie à l’égard de son affection.

Parce que l’administration se met à l’heure de l’inclusion et de la prise en compte des différences, et qu’il tient à chacun d’entre nous de participer à l’évolution des mentalités, et donc des pratiques.

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